Papy Cimino retourne à la réal et c'est une catastrophe.
Ce film est totalement lunaire. Une fois de plus, on a la musique comme dans Sunchaser : omniprésente, aveugle, et surchargée de mélodrames.
Elle essaye de nous faire éprouver de l'empathie pour les personnes mais c'est raté. On a les acteurs qui ont des comportements idiots, franchement Hollywoodiens, Mickey Rourke cabotine trop et les autres ont peu de présence à l'écran pour en imposer. Papy Hopkins s'est tapé une Mimi Roger, sa cadette de 20 ans et on est censés croire que ça va être le héros de la situation à la fin quand il renverse Mickey dans les escaliers. Pourquoi pas Michael Douglas, mais Hopkins fait vieux. Trop vieux. Les gamins sont trop insolents... Ils essaient de compenser avec des moments de faiblesse qui font poil dans la soupe.
Bon dieu, le seul qui s'en sort, c'est David Morse, et vu le temps passé à suivre ses pérégrinations hors de la maison des otages, je pense qu'on peut changer le titre pour mieux partir sur : "David Morse essaie de sauver son cul". Alors, loin de dire que je ne soutiens pas la volonté du réalisateur d'apporter un peu plus de profondeur à l'histoire. Je trouve ça cool. Je regrette néanmoins qu'il se comporte un peu comme un idiot car je ne crois pas les vêtements ensanglantés soient le meilleur costume à porter quand on cherche à faire de l'autostop. Cimino en profitera alors pour nous montrer les paysages américains qu'il adore et qu'on voit dans tous ses films avant de finir la fin du film (de celui-là en tout cas) sur David Morse qui se prend une tripotée de balles. La musique est cool au moins durant ce passage.
Je continue sur le problème des personnages. Les flics. Cimino a voulu faire son féministe, il apporte une touche de féminité au personnage cliché qui traite tout le monde un peu au-dessus de la jambe, pragmatique et grossier. Pourquoi pas. Pourquoi pas. Pourquoi pas. Enfin... Si seulement, ça fonctionnait. J'ai vu il y a pas si longtemps de ça Le Fugitif, et Tommy Lee Jones s'en sort bien mieux dans ce rôle. Bon, primo, le film est mieux foutu, mais deuzio, son personnage est appréciable car il ne traite pas tout le monde comme de la merde, et surtout, ne gueule pas à tout va des gros mots sortis de nulle part.
Et vous voyez, il y a conflit d'intérêt dans la tête de Cimino. Il est encore dans les années 70, où les flics étaient toujours montrés de manière négative car on avait les acteurs les plus chevelus de la génération qui jouent toujours des rebelles et que ça ferait tache d'avoir un flic sympa quand on a la bande originale d'un Bob Dylan ou d'un country man anti guerre du vietnam. Il faut donc taper sur les flics et en même temps, essayer de réussir un personnage flic au féminin ce qui ne fait pas bon ménage. Comme dans la plupart des films d'otages, il y a des rapports particuliers entre les victimes et les forces de l'ordre, là, il y a rien. Idem pour les rapports entre victimes et agresseurs, c'est le néant. Donc, on n'éprouve aucune empathie. A la fin, on a envie que tout le monde meurt.
Sauf David Morse.
Et bon sang, c'est quoi cette scène où la cheffe flic donne un flingue à la meuf de Mickey Rourke avant qu'elle parte dans la maison, mais elle préfère tout de même enlever les munitions du flingue... alors pas devant elle. Non. Elle se tourne et fait tomber les balles par terre une à une, et puis, elle lui donne. Comme ça. Tu as pas entendu les balles ? Ni même le bruit du chargeur qui se vide ? Tu es juste à deux centimètres d'elle, tu trouves pas ça bizarre qu'elle se retourne ?
LUNAIRE !