Encore un titre français à la noix. La maison du docteur Edwardes : de quoi parle-t-on ? De Green Manors ? Sans vouloir spoiler, sûrement pas et il n'y a pas d'autres maisons qui pourraient faire l'affaire. Le titre fraçais n'a pas vraiment de sens.
Tandis que le titre original "Spellbound" qui signifie envoûté est bien plus signifiant car on ne compte plus les personnages du film envoûtés par quelque chose ou par quelqu'un que ce soit Constance Petersen (Ingrid Bergman), JB (Gregory Peck) ou encore le docteur Brulov (Michael Tchekhov).
Le scénario du film me parait tout-à-fait convenable pour moi qui ne suis absolument pas connaisseur des théories freudiennes de psychanalyse. Les spécialistes trouvent que c'est un peu caricaturé et que le docteur Brulov aurait des ressemblances avec le véritable Freud. Bien au contraire, si le film avait été un vrai "cours" de psychanalyse, je pense qu'il aurait perdu en efficacité ce qu'il aurait peut-être gagné en profondeur.
Au contraire, la simplification des théories permet un rythme du film rapide et amène du suspense jusqu'au dénouement. Même si les esprits affutés (ce qui n'est encore pas mon cas) devinent rapidement la clé de l'intrigue.
D'un point de vue casting, Ingrid Bergman est parfaite dans le rôle de doctoresse plutôt froide au début puisqu'elle est gentiment brocardée par ses collègues puis qui se réchauffe au point de mettre dans son personnage du cœur et de la raison intimement mêlés. Toujours se méfier de l'eau qui dort...
Grégory Peck, égal à lui-même joue très bien Mais c'est Michael Tchekhov qui tire certainement le mieux son jeu ; il en a d'ailleurs été récompensé par un Oscar. Son personnage est celui d'un savant, un professeur réputé, avec toutes les caractéristiques et les poncifs qui vont avec, que ce soit de la distraction ou de la naïveté. Sauf qu'il est furieusement attentif et rien ne lui échappe.
On peut toutefois regretter que le rôle de cette excellente actrice Rhonda Fleming n'ait pas été un peu plus étoffé.
Et puis, bien sûr, il y a la réalisation de Hitchcock.
Les séances oniriques géniales où il se fait aider par Salvator Dali. Au lieu d'avoir un deuxième film éventuellement flouté dans le film pour mettre en images le rêve, Hitchcock a privilégié une tout autre voie qui est le dessin. Le rêve en ressort techniquement déshumanisé et sort complètement de la vie.
Les pas très réalistes descentes à ski procèdent aussi de la même logique : c'est qu'il faut descendre dans la personnalité de Gregory Peck pour mettre le doigt sur le point qui fait mal.
La rencontre en pleine nuit entre le personnage de Gregory Peck et le docteur Brulov est admirablement bien montée
Et je ne passerai pas sous silence, le clin d'oeil de Hitchcock en mettant une image couleur de quelques dixièmes de seconde dans ce film Noir et Blanc.
Bon film.