Il faut avouer qu’Hitchcock a toujours été mon petit chouchou. C’est avec Les Oiseaux que j’ai commencé ma carrière (encore bien jeune certes) de cinéphile, et j’ai dû voir un bon nombre de ses films avant d’enfin me tourner vers Ford, Hawks et autres Mankiewicz (cf mon top Hitchcock).

Et donc en revoyant La maison du Docteur Edwardes pour la troisième fois hier soir, je me suis rendu compte que, à l’instar de Les enchaînés, même si je l’aimais beaucoup avant, je le chéris encore plus maintenant. Comme si mon œil plus expérimenté appréciait davantage ce qu’on lui présente.

Hitchcock s’attaque ici au thème de la psychanalyse, innovant et audacieux pour l’époque, mais tout en gardant cet esprit de film noir, où l’intrigue presque policière nous tient en haleine. Ce qui est d’autant plus géniale de la part du maître, c’est d’avoir choisi d’utiliser une femme pour incarner le médecin : Ingrid Bergman en psychanalyste sérieuse, avec lunettes et blouse, et traitée d’iceberg par son collègue à l’allure un peu trop perverse à mon goût pour cacher d’honnêtes intentions. On est donc loin du personnage de femme hystérique généralement associée à l’idée freudienne…
Son patient est un Grégory Peck certes terriblement séduisant (et ce n’est pas Auréa qui me contredira), mais aussi très passif, tel un pauvre petit chiot qui a besoin qu’on prenne soin de lui. Heureusement qu’Ingrid, avec sa classe démesurée et sa luminosité, est là pour le sauver.

Plus tard, lorsque l’iceberg fond et que les médecins mâles commencent à ôter toute crédibilité aux théories de la psychanalyste amoureuse, on a envie de dire, en tant que femme, que ces co****ds peuvent aller se pendre. Et je remercie Hitchcock d’avoir montré que non, une femme amoureuse même si elle a une attitude un peu niaise, ne devient pas complètement débile, et que non, les femmes ne sont pas de sombres sottes dès qu’on leur enlève leurs lunettes et leur blouse blanche. Pour preuve, le détective de l’hôtel est tellement imbu de son soi-disant talent qu’il se laisse berner par notre charmant docteur. Voilà, c’était mon petit quart d’heure féministe, ça fait pas de mal.

Un autre point génial de ce film est la séquence de rêve imagée par Dali. Tout le processus de dénouement de l’énigme découlant de celui-ci est tout simplement fascinant.

Je ne doute pas que les méthodes de psychanalyse sont un poil plus compliquées et longues en réalité, mais Hitchcock a su utiliser au mieux le sujet pour nous servir un film policier original et très charmant.
Melly
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le 5 nov. 2012

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Melly

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