« la faute n'est pas dans les étoiles mais en nous »
Il est bien entendu impensable d'envisager perdurer des critiques sur ce site sans faire une halte au monument Hitchcock. Bien que je ne sois pas son plus grand fan je ne peux que m'incliner face à tous les éléments impressionnants qui font de ce réalisateur l'un des plus grands. Hitchcock qui est un des rares metteurs en scènes à concilier admiration de la presse et reconnaissance du public, développe dans ses films à la fois sa maîtrise remarquable de la forme et à la fois réflexion sur les thèmes de l'interrogation, de l'innocence, et la culpabilité.
Surnommé maitre du suspense c'est paradoxalement sur La Maison Du Docteur Edwards, l'un de ses films qui relève le moins de ce procédé, que j'ai décidé de bâtir ma critique. Ce film se situe dans ma rétrospective d'Hitchcock après, La Mort aux Trousses, Fenêtre sur cours, Vertigo, La Corde et biens d'autres. La Maison Du Docteur Edwards est de tous, celui que j'affectionne le plus.
Bien qu'il ne relève pas principalement du suspense, le film reste assurément ancré dans l'univers Hitchcockien, nous y trouvons les principaux éléments, le petit passage jouissif du réalisateur dans son film, ici disposé à la sortie d'un ascenseur, la blonde séduisante, l'ambition de l'innovation, ici réaliser "le premier film de psychanalyse ", et bien évidement les trois thèmes vus précédemment.
C'est amusant de voir ce film à l'inverse de l'ordre chronologique de la filmographie d'Hitchcock puisque l'on peu constater qu'il est une amorce des films qui vont suivre chez le maître du suspense. En effet, les films qui suivront traiteront également des cas cliniques des différentes catégories psychanalytiques, le voyeurisme de Fenêtre sur cour, la schizophrénie dans Psychose, le refoulement dans La Corde, l'obsession dans Vertigo.
Le film est principalement centré sur la psychanalyse. Bien qu'il fasse quelques fois des raccourcis sur le thème psychanalytique (ce qui a aboutit à des tensions entre le docteur May Romm, conseillère technique sur le film, et Hitchcock). Le film analyse néanmoins avec assez de subtilité le sujet pour que la cohabitation avec le reste de l'intrigue aboutisse à un scénario brillamment construit, rejoint par des rebondissements, des suspicions et des moments impressionnants relatant les émotions humaines.
Le sujet de la psychanalyse permet de plus à Hitchcock de réalisé l'une des séquences de rêve les plus fascinantes, imaginatives et intrigantes de l'histoire du cinéma. Salvador Dali, en principal acteur de la création de cette séquence, signe là une de ces rares collaborations avec le 7ème Art. Cette séquence est également le théâtre d'un petit clin d'œil (sectionné) à Luis Bunuel et son Chien Andalou dont Dali était le script. « J'ai voulu absolument rompre avec la tradition des rêves de cinéma qui sont habituellement brumeux et confus, avec l'écran qui tremble, etc » disait Hitchcock, il réussit ses objectifs malgré les restrictions du producteur David O Selznick, il n'y eu effectivement pas de tournage en extérieur pour le maître du suspense à cause de restriction du producteur. Pour la petite info, séparé de ce dernier à la fin de son contrat, Hitchcock ne se priva pas de faire quelques piques à son ancien producteur, La Mort aux Trousses ou Cary Grant désigne le « O » de son prénom comme n'étant « rien » en est un exemple.
Sortie en 1948, ce thriller américain adapté du livre de John Palmer, est donc un film tout aussi intrigant que plaisant. La sublime Ingrid Bergman joue avec pertinence son rôle. Son charme et sa classe illumine le film, elle permet au scénario bien structuré de s'épanouir dans l'univers du maître du suspense. Si Hitchcock nous montre son intérêt pour l'inconscient, le film ne se contente néanmoins pas de ce thème. Il jongle avec brio entre drame criminel, mélodrame et film psychanalytique. Au milieu de ce bouillonnement psychanalytique, on peut également admirer une des plus belles scènes de rêve du cinéma, les images mystérieuses, les détails intrigants dans un décors des plus fascinant font de ce passage une œuvre en soit. Malgré quelques impertinences au monde de psychanalyse et parfois une romance niaise, le film reste un divertissement palpitant. De ses 6 nominations aux Oscars en 1946 à nos jours, le film reste donc toujours aussi plaisant et plein de charmes.
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