Réalisé en 1973, il s'agit de l'adaptation d'un roman de L. P. Hartley, auteur tombé dans l'oubli... un peu comme ce beau film dont la vision ne devrait pas vous décevoir.
A partir d'une trame archi-rebattue - l'histoire sentimentale entre personnages qui appartiennent à des milieux sociaux antagonistes - le réalisateur met au service de sa réalisation feutrée, un scénario d'une grande subtilité et des acteurs formidables pour un récit que l'on pourrait presque qualifier de huis-clos (une automobile et des intérieurs cossus pour seules unités de lieu).
Cette touchante histoire d'une femme qui se reconstruit après une dépression grâce à l'irruption dans sa vie d'un chauffeur dont elle loue les services, aborde in fine un sujet d'ordre universel : celui des relations humaines biaisées par l'argent et le pouvoir, mais aussi l'hypocrisie des castes sociales.
L'élégance et le raffinement de la mise en scène, la mélancolique photographie automnale, la parfaite harmonie entre les deux acteurs principaux, tout ces dispositifs contribuent à fluidifier la vision de ce drame intimiste et amer, qui ravira les spectateurs amateurs de belles oeuvres où la qualité de la forme vient sublimer le fond et lui éviter l'écueil d'une démonstration sociologique pesante. Subtil et bouleversant.
A voir pour : le côté à la fois magnétique, animal et "smart" de l'acteur Robert Shaw (les spectateurs qui le connaissent l'ont rarement vu dans un tel rôle) ; le final déchirant.