Critique rédigée en décembre 2018
Suite au succès critique mitigé de Sueurs froides (1958) et avant le tournant marqué par Psychose (1960), Hitchcock réalise La Mort aux trousses (1959), film aux genres très variés, de la comédie noire au film policier, du thriller au film d'espionnage, et de nos jours considéré comme une oeuvre d'une grande importance culturelle, historique ou esthétique.
Tout ceci part d'un malentendu judiciaire dont le publicitaire new-yorkais Roger Thornill (Cary Grant) se retrouve confronté. En effet, il est confondu avec l'espion George Kaplan, qu'il ne connait pas et qu'il souhaitera rencontrer afin de régler cette affaire. Il va fuir à travers les Etats-Unis mais hélas, le destin va nuire à la réalisation de sa tâche ; jusqu'à ce qu'il fasse rapidement la connaissance de Eve Kendall (Eva Marie Saint), archétype de la blonde séductrice et à l'identité mystique qui semble bien connaître le véritable criminel. Va-t-elle se révéler comme un obstacle ou un biais pour que Thornill parvienne à ses fins? Pourquoi lui et Kaplan ne font qu'un, aux yeux de la justice?
Hitchcock nous livre un thriller romantique singulier que l'on parvient à voir et à revoir sans désintérêt: l'ayant vu deux fois en moins d'une semaine, le deuxième visionnage m'a entre autres révélé certains éléments historiques m'ayant échappé dans un premier temps, saisissant ainsi la richesse du scénario en indices nous permettant petit à petit à construire le puzzle qui sert d'histoire que doit résoudre Thornill tout au long du film. Principalement constitué de séquences de traque ou de débats durant lesquelles notre héros part à la quête de la vérité, tout en fuyant l'organisation judiciaire le soupçonnant, l'histoire est portée par les puissantes et glaçantes mélodies au violon de Bernard Herrmann, le compositeur fétiche de la filmographie d'Alfred. Le film est par ailleurs autant constitué de séquences dynamiques
(annoncées dès le début par le caméo d'Hitchcock qui apparaît dès la 3ème minute!)
que de séquences plus calmes, dans lesquelles la musique ou le silence accompagnent le suspens des personnages, rendant le film hétérogène dans le rythme du déroulement de l'histoire, en dépit de quelques éléments scénaristiques un peu confus dans la dernière partie du film, et une fin un peu expédiée nous empêchant d'explorer davantage l'envers du décor finalement révélé,
d'ou la rentrée du train dans le tunnel, censurant la vie privée des deux protagonistes.
Par ailleurs, nous constatons que dès l'année suivante, son oeuvre Psychose va rompre totalement avec le style de La Mort aux trousses: alors que l'un sera tourné en noir et blanc, constamment dans des espaces clos avec une musique symbolisant l'angoisse des personnages à voir leurs plaisirs coupables révélés au grand jour, l'autre est réalisé en couleurs, en plein air pour la plupart des séquences. De plus, en dépit du silence pesant provenant en partie de la scène symbolique du film
(l'attaque de l'avion sur la route déserte, l'une des plus belles représentations de la menace au cinéma puisque le héros est seul avec cet avion et se retrouve en impossibilité de fuir la scène),
on y met en valeur les liens entre les personnages, favorables à la facette romantique de l'histoire, ainsi que leur exposition au monde auquel ils sont confrontés malgré eux, favorable à un style filmique proche du film d'aventure, voire d'action.
Aussi, le scénario se sert de la compassion du spectateur face à la malheureuse situation de Thornill pour rendre le film comique:
la scène dans laquelle la mère de Thornill se moque des ravisseurs dans l'ascenseur montre par exemple que le héros est livré à lui-même et qu'il est impossible pour lui d'être sérieusement défendu, remettant en même temps en question la confiance de l'autre face à une situation délicate. Grosso modo, il faut s'attendre un jour ou l'autre à se retrouver dans le corps de quelqu'un qu'on n'est pas, à devenir malgré nous coupable de quelque chose qu'on n'a pas commis...
Le film avance ainsi à un très bon rythme et l'histoire se suit avec beaucoup de plaisir grâce à l'immense variété de registres, cet humour grinçant propre au maître du suspense et à ce désir imposant d'atteindre la solution finale dans ce vaste portrait de caractères.
La Mort aux trousses est, pour conclure cette petite analyse, un très bon Hitchcock qui parvient à se démarquer des autres productions de l'époque et précurseur de nombreux genres, annonçant par la suite le succès du cinéma d'espionnage notamment avec les James Bond, dont le style semble quasiment inspiré de celui de La Mort aux trousses.
L'angoisse n'est pas supportable sans l'humour.
C'est le mélange qui fait le plaisir.
[...] Je faisais de la direction de spectateurs
exactement comme si je jouais de l'orgue.
-Dans le cadre d'un travail scolaire, j'ai réécrit ma critique en anglais. Merci à @Aurea s'étant chargée de la lourde tâche de la corriger-
After the limited critical success of Vertigo (1958) and before the turning point marked by the release of Psycho (1960), Hitchcock, in first, directed North by Northwest (1959), a film including a large variety of styles, from black comedy to crime film, from the thriller to the spy film,... Today, it is considered as a piece of great cultural, historical or aesthetic significance.
It starts from a legal misunderstanding which the New York advertiser Roger Thornhill (Cary Grant) is confronted with.
Indeed, he is confused with the spy George Kaplan, a man who he doesn't know and that he will wish to meet in order to settle this case.
He is going to flee across the United States but unfortunately, Thornhill will unfortunately see his destiny stand in his way, preventing him from achieving his goal; until he quickly meets Eve Kendall (Eva Marie Saint) on a train, the archetype of the seductive blonde with mystical identity who seems to know the true criminal.
Will she be an obstacle or a good way, for Thornill, to succeed?
Why are he and Kaplan only one, in the eyes of justice?
Hitchcock makes a singular romantic thriller that we can see and review without disinterest: because I've seen it twice in less than a week, the second viewing has revealed some historical elements that escaped to my attention on the first time, pulling the unique richness of the scenario.
Thanks to these clues, we're able to rebuild the puzzle that Thornill has to solve throughout the film.
Mainly made of stalking sequences or debates during which the hero is going on a quest for truth, while fleeing the judicial organization which suspects him, the story is carried by the powerful and chilling melodies of Bernard Herrmann's violin, the iconic composer of Alfred's filmography.
The film is made up of dynamic sequences,
(announced from the beginning by the Hitchcock's cameo, which appears at the 3rd minute, which is very quick compared to his later appearances in his other productions!)
and most peaceful sequences, where music or silence accompany the suspense lived by the characters.
The film is made heterogeneous for the rythm of the story, but we can notice some confused script elements in the last part of the film, and an end a bit too fast, preventing us from further exploring the back of the scenery finally revealed.
This is the reason why the train enters the tunnel, censoring the privacy of the two protagonists !
Moreover, we can note that the following year, his work Psycho will totally break with the style of North by Northwest: while the first one was shot in black and white, constantly in closed spaces with music symbolizing the anxiety of the characters to see their guilty pleasures publicly revealed, the other one was shot in color, outdoors for most sequences.
Moreover, despite the heavy silence partly deriving from the symbolic scene
(the attack of the plane on the deserted road. This sequence is one of the most beautiful representations of the threat at the cinema, since the hero is quite alone -just one other man finally met- with this plane and can't run away from the place because of the void of this place),
North by Northwest highlights the links between the characters, favorable to the romantic side of the story, as well as their exposure to the society they are confronted despite themselves, with a style between adventure and action movie.
Also, the screenplay uses the spectator's sympathy for Thornill's unfortunate situation, confers to the film a comic aspect.
For example, the scene where Thornill's mother is mocking the kidnappers in the elevator: it shows that the hero is delivered to himself and can't be seriously defended, questioning at the same time the confidence on other people in front of a delicate situation.
Finally, we, spectators, may expect some day to become someone we aren't, to become guilty of something we didn' commit of his own free will, like a "Monsieur tout le monde" as Mr Thornhill had to experience it !
The film progresses at a very good pace and we follow the story with great pleasure thanks to the huge variety of styles, this severe humor peculiar to the Master of Suspense and his imposing desire of arriving to the final solution with this large portrait of characters.
To conclude this analysis, North by Northwest is a very good Hitchcock movie which manages to diverge from other productions of the same period and precursor of many genres, subsequently announcing the success of spy film, including James Bond, whose style seems almost inspired by North by Northwest.
Anxiety isn't bearable without humor.
It is the mixture that makes the pleasure.
The audience is like a giant organ
that you and I are playing.
Hitchcock.