La Mouche par Nicolas Montagne
Grand classique du cinéma fantastique, La Mouche est avant tout une oeuvre personnelle revisitant complètement l'original dont il est inspiré. Avec un cinéaste de talent comme Cronenberg à la réalisation, rien de plus normal. Ce qui est incroyable avec La Mouche, c'est qu'il parvient encore à nous surprendre et à nous effrayer, là où d'autres films de la même époque ne nous laissent plus que des sourires légèrement blasés. La raison en est simple: la vision de Cronenberg est tellement passionnante et le thème abordé tellement universel que ce film est un pur chef d'oeuvre totalement intemporel.
Côté casting, les acteurs sont particulièrement efficaces, puisque les rôles principaux nécessitaient à la fois la franchise d'un acteur de film fantastique et la douceur d'un acteur de mélo. Un mélange très finement élaboré par Jeff Goldblum et Geena Davis.
Parfois perçu comme une métaphore du sida, La Mouche a ceci d'universel qu'il parle de ces périodes de la vie pendant lesquelles nous changeons tellement que nous ne nous reconnaissons même plus, à l'instar de notre entourage. Hier scientifique névrosé complétement enfermé dans son cadre de vie (avec ses chemises toutes identiques qui lui permettent de gagner du temps), Brundle devient peu à peu un monstre (très humain cela dit) qui n'hésite pas à faire mal aux gens qui empiètent sur le pouvoir qu'il a. En effet, La Mouche peut aussi être vu comme un film montrant de manière métaphorique ce dont l'être humain est capable lorsqu'il a soif de pouvoir et de savoir. On peut enfin le voir simplement comme un film qui critique l'utilisation de la science et les dangers que celle-ci comporte.
Gore et douloureux, La Mouche est pénible à regarder,notamment dans les séquences où Seth Brundle découvre peu à peu un nouveau corps qui vient se greffer au sien, celui-ci se décomposant et s'effritant peu à peu (aspect qui a justement fait penser au sida). Quelque soit la manière dont il est vu par le spectateur, La Mouche est néanmoins et restera un classique indémodable, et l'un des meilleurs films de l'ex-médecin canadien.