Il y a des cinéphiles que le flashback rebute. Alors des flashbacks dans des flashbacks ? J’aime bien le procédé mais j’avoue que la compréhension n’était pas aisée.
Des pans entiers de l’histoire sont propulsés par un montage sonore stratifié à un niveau atmosphérique seyant mal à la lisibilité comme au thème du thriller. On frise le bazar sensoriel dans ces années 1950 qui seraient bien représentées, sinon, par la photographie et la musique.
Gros point noir donc dans ce drame policier au goût de La Tempête du Siècle (Craig R. Baxley, 1999) dont le thème est celui d’Empire of the Sun (Steven Spielberg, 1997) avec un Max Von Sydow aussi tussif et monologuiste que dans Hamsun (Jan Troell, 1996). L’époque marque.
Ici, le crime prédomine, un crime qui prétend trouver sa place dans un triangle militaire : l’île, les Alliés et les forces de l’Axe. Car même là-haut, tout au nord-ouest des États-Unis, sur une île fictive dont on dirait qu’elle fait face au Japon si elle n’avait ni cèdres ni neige, deux cultures se rencontrent à une époque où les Japonais Américains étaient emprisonnés dans des camps par les USA, et des valeurs racistes s’éveillent dans une société jusqu’ici tenue à l’écart, géographiquement et idéologiquement, des combats de ce monde.
James Rebhorn, crispant cuistre d’Independence Day, trouve une nouvelle niche de choix pour son anglais parlé avec le nez et son arrogance. Il est bien le seul qui s’élève un peu de la masse interprétative, sauf si l’on compte James Cromwell, décidément aussi bon en juge qu’en directeur de la NASA ou de prison. Ethan Hawke aura quant à lui raison, d’après ce qu’on peut en voir, ne de pas considérer ce film comme une expérience d’acteur épanouissante.
Doté d’un potentiel explosif au milieu de nulle part, Snow Falling on Cedars aurait pu armer une bombe pacifique – et pas dans le Pacifique –, du genre cinématographique, qui aurait explosé loin de tout en réservant sa beauté aux plus curieux. Mais il ne se révèle intéressant qu’à la surface de ses embrouillaminis temporels, sous la forme de la manipulation et des préjugés qui lient les avocats aux différentes parties. Au bout du compte, il est aussi emprunté que son titre.
→ Quantième Art