Années 40,dans la campagne auvergnate,les jeunes garçons des villages voisins de Longeverne,ne pas confondre avec Longueverge,et de Velrans perpétuent la tradition en se foutant sur la gueule régulièrement.Pendant ce temps la France est occupée par les allemands et une vraie guerre a lieu.Le célèbre roman de Louis Pergaud avait été porté au cinéma par Yves Robert en 62 et faisait en cette année 2011 l'objet d'un inattendu revival puisque deux films l'adaptant,celui-ci et "La guerre des boutons" de Yann Samuell,sortaient quasiment simultanément.Ces doublons fleurissaient alors dans un cinéma français en manque d'imagination qui avait vu éclore deux films sur Coco Chanel en 2009 et en enverra deux autres sur Yves Saint Laurent en 2014.Cette "Nouvelle guerre des boutons" est produite par Thomas Langmann alors que le scénario et l'adaptation sont cosignés par le réalisateur Christophe Barratier,Stéphane Keller et Philippe Lopes-Curval.Le moins qu'on puisse dire est que l'oeuvre originale est largement dénaturée.Pour se démarquer de la concurrence,les auteurs ont donc eu la lumineuse idée de situer l'histoire pendant la Deuxième Guerre Mondiale.Le roman de Pergaud étant sorti en 1912,avant même la Guerre de 14-18 lors de laquelle l'écrivain perdit la vie,ça ne risquait pas de coller.L'action a également été transposée de Franche-Comté en Auvergne,sans doute parce que la région a mis des sous dans l'affaire.On pouvait penser que Barratier,intronisé spécialiste du vintage depuis ses deux premiers films,le triomphal "Les choristes",remake de "La cage aux rossignols" de 45,et "Faubourg 36",serait "the right man in the right place" en la circonstance mais c'est bien raté.Apparemment,les mecs se sont dit:"la WW2" est à la mode,l'antiracisme est à la mode,la Shoah est à la mode,surfons sur ces vagues porteuses".Du reste,les promoteurs de "Belle et Sébastien" appliqueront le même raisonnement en 2013.Mais à l'écran ça ne fonctionne pas aussi bien que prévu.Le film est très bancal et peine à assurer ses deux niveaux de narration entre bagarres de gamins mal chorégraphiées et références pas fines à la Guerre et à l'occupation environnantes,le tout sur fond de reconstitution historique bidon comme l'atteste la devanture de la mercerie,digne d'un parc d'attractions rétro.Le gros problème est que tout est surligné trois fois au feutre bien gras et qu'on navigue en permanence de l'antinazisme de cour de récréation à la résistance de pacotille.Rien n'est crédible,les personnages sont ou très noirs ou tout blancs,les situations,piteusement filmées,sont ridicules et caricaturales et les grosses ficelles rendent les développements atrocement prévisibles.On sait par exemple d'emblée ce qu'il en est de la véritable identité de Violette,des réelles activités de l'instituteur ou de l'avenir des amourettes en cours.Ce bal à la musique violoneuse sur laquelle se meuvent lourdement mômes turbulents,résistants héroïques,collabos indécis et miliciens visqueux tourne à vide et traîne en longueur,charriant sa morale tellement originale:la guerre c'est mal et le racisme c'est pas bien.Voilà du neuf auquel on n'aurait pas pensé.C'est plein de bons acteurs qui font leur possible pour exister malgré leur partition inepte.Il y a là Gérard Jugnot et Kad Merad,qui étaient des deux films précédents de Barratier,Marie Bunel et Gregory Gatignol,fantastique en milicien sournois,vus dans "Les choristes",François Morel,Eric Naggar et Thierry Liagre,déjà dans "Faubourg 36",plus Guillaume Canet et une Laetitia Casta toujours aussi affolante moulée dans des robes d'époque très ajustées.Et puis il y a les gosses,dont les activités violentes échappent bizarrement à leurs parents qui ont certes d'autres soucis mais sont quand même étrangement passifs face aux frasques de leur progéniture.Les principaux intervenants sont très bons,qu'il s'agisse des deux chefs de bande,Jean Texier et Thomas Goldberg,ou de la jolie Ilona Bachelier,qui hérite du prénom de Violette,celui de la fille de Barratier.Texier notamment,fort d'un vrai charisme,porte le film dans le rôle de Lebrac,cet ado provocateur,cancre et violent qui cache un coeur d'or,et sa romance avec Violette offre quelques jolis moments dus surtout à la grâce des interprètes.Par contre,le petit Clément Godefroy,qui joue Petit Gibus,est parfaitement exécrable.Nathan Parent,qui incarne un des gamins,réapparaîtra en ado à problèmes dans "Plus belle la vie".