Le film de François Truffaut ravira doublement les cinéphiles. Car, au-delà de la qualité intrinsèque de l'oeuvre et de la mise en scène, le scénario relate la grande aventure -ainsi que Truffaut l'invoque- du tournage d'un film, raconte tout ce que la légende du cinéma et la projection en salle éclipsent pour ne restituer que le rêve.
"La nuit américaine" -joli titre métaphorique évoquant un filtre posé sur la caméra- est le récit exhaustif des péripéties et incidents, nombreux, d'un tournage. Des tracasseries matérielles de l'accessoiriste aux inquiétudes financières du producteur, des caprices ou états d'âmes des comédiens au mini-drames qui touchent l'équipe, François Truffaut ne nous cache rien de la création d'un long métrage, faite de moments cocasses ou graves, d'instants prosaïques ou de moments magiques (grâce notamment à la belle mélodie de Georges Delerue). Truffaut, pour l'occasion, révèle quelques unes de ses vérités de cinéaste, des considérations sur son métier, notamment sur la capacité du metteur en scène, sa responsabilité, à composer une démarche artistique avec les nécessités techniques et humaines. Pour autant, Truffaut, qui joue lui même le réalisateur Ferrand, évite tout narcissisme en donnant volontiers la parole aux inconnu(e)s du générique, en leur accordant l'importance qui leur revient dans la réalisation du film.
Ce sujet didactique reste donc un guide incontournable pour qui désire franchir la barrière et découvrir l'effervescence d'un plateau de cinéma.