"Le cinéma est-il plus important que la vie ?"
Dans la grande famille des films sur le cinéma (on peut rappeler pour mémoire "Sunset Boulevard", "Eve", "Les Ensorcelés", "Huit et demi", "Le Mépris", "Stardust Memories", "The Player", "Barton Fink", "Ed Wood", "Mulholland Drive"... liste bien évidemment non exhaustive), "La Nuit américaine" brille d'un éclat particulier.
On connaît l'amour sincère que portait François Truffaut au cinéma, par essence "plus beau que la vie". À l'aune de cette véritable profession de foi, "La Nuit américaine" revêt une importance capitale : c'est, pour ainsi dire, "LE" film que devait faire Truffaut, s'il n'avait dû y en avoir qu'un seul.
Truffaut y interprète lui-même le rôle du réalisateur et on ne peut s'empêcher d'y voir un désir de sincérité : certes, on est à la limite du documentaire, mais sans jamais s'écarter du souci de la dramatisation (le nombreuses péripéties, souvent irrésistibles de drôlerie, sont là pour nous rappeler que "La Nuit américaine" est bien un film et non un documentaire).
Ce qui est beau et touchant, c'est de voir avec quel soin et quel souci François Truffaut s'applique à rendre son film accessible, compréhensible au plus grand nombre, évitant toute psychologie superflue : c'est sa déclaration d'amour au cinéma, doublée d'une impérieuse nécessité de partager cet amour absolu avec un large public.
On voit un cinéaste au travail, qui a à résoudre mille et un petits (ou gros) problèmes, qui s'emballe, qui doute, s'enthousiasme, se désespère et, au final, se relève toujours.
Si l'on aime le cinéma, on ne peut qu'aimer ce film.