Attention, série B à ne pas prendre au pied de la lettre sous peine de hurler au navet. Quand il ne rédigeait pas d’énormes pavés, lesquels étaient ensuite adaptés au cinéma ou à la télévision, Stephen King écrivait aussi quelques scénarios originaux pour arrondir ses fins de mois dans les années 1980 et 1990. C’est clairement le cas avec cette Nuit déchirée qui se présente comme un pur divertissement qui ne vise ni les grands récits qui ont fait ses succès et ni horribles frayeurs qu’il a réussi à procurer. Avec une bonne grosse dose de second degré, le récit qui nous est offert mélange les influences, les légendes et les tons pour offrir une histoire à dormir debout mâtinée de romance, de gore qui tâche et d’idées totalement folles (il va falloir admettre que le héros du film est, au final, un chat répondant au doux nom de Clovis qui souhaite venger la mort de son maître et qui porte une médialle où il est inscrit "chat d'attaque").
Le résultat est, évidemment, totalement délirant à défaut d’être parfaitement maîtrisé. Entre un récit qui hésite à opter pour un point de vue clair, une intrigue qui progresse de façon parfois hasardeuse et un mauvais goût pas toujours bien placé, on se retrouve face à un vrai film de genre qui semble parfois débordé par ses nombreuses influences. Le curseur du fantastique et de l’humour sont cependant suffisamment bien dosés pour qu’on accepte d’embarquer dans cette abracadabrandesque histoire même si elle aurait peut-être gagné à être plus mystérieuse et plus finement amenée.
En somme, le scénario de Stephen King manque un peu de savoir-faire pour rendre le résultat plus convaincant, mais Mick Garris parvient tout à fait à en faire un film qui se tient et qui réserve ses bons moments. On pourra regretter une incapacité à la patience et des éléments trop rapidement révélés à la connaissance du spectateur mais ces monstrueux félidés qui se font botter les fesses par de petits chats domestiques entrent parfaitement dans le moule d’un certain cinéma bis auquel le réalisateur ne manque jamais de faire plusieurs clins d’œil. On appréciera ainsi les nombreux caméos, de Stephen King himself à Clive Barker en passant par Joe Dante ou Tobe Hooper. Pas franchement abouti mais le spectacle est plutôt fun.