La Nuit des morts-vivants par Nicolas Montagne
On ne peut pas aborder un chef d'oeuvre comme La Nuit des Morts-vivants sans dire un mot de son auteur, George A. Romero, véritable géniteur de tout un genre qui fait aujourd'hui les beaux jours de l'industrie du film d'horreur hollywoodien. Totalement indissociable du genre, la bonhomme réalise ici un film à la limite de l'amateurisme point de vue image et son, cela étant dû à un budget extrêmement réduit. Mais quel force!Ce parti pris involontaire renforce la mise en scène en donnant au film un côté documentaire parfaitement assumé, clouant le spectateur sur son siège.
Prémices d'un cinéma contestataire qui va ne faire que s'amplifier au fil des années avec des films comme Massacre à la Tronçonneuse, La Colline a des Yeux ou encore Délivrance, La Nuit des Morts-Vivants a une personnalité bien à lui. Une sorte de survival avec des zombies pourrait-on dire, mais un film politique avant tout, n'en déplaise à Romero qui en a assez qu'on lui colle sans cesse cette étiquette sur le dos. Pourtant, force est de constater que si ce premier opus des zombies n'a pas la force de discours des suivants, il est tout de même assez puissant, replacé dans son contexte politique et social de l'époque. Une période de crise, avec des révoltes, la guerre du Vietnam et la résistance pacifique hippie qui n'a de cesse de croître. Ici, les morts-vivants ne sont pas la menace réelle, comme dans les autres films de zombies de Romero, ils sont plutôt les générateurs de l'individualisme: confrontés à quelque chose qu'ils ne comprennent pas, les personnages du film, loins de s'entraider, ne font que s'enfermer dans leur égo et leur semblant de confort restant. Tout pour sauver sa propre peau finalement.
En bref, un film qui résonne comme une diatribe forcenée envers le conformisme et l'individualisme humain, et une petite touche d'anti-racisme, le héros étant, fait notable à l'époque, un noir américain beaucoup plus humain.