Il a obtenu le César du meilleur film hier, et ça tombe bien car nous avons vu "La nuit du 12" il y a quelques jours.
Je n'en avais pas parlé car s'il n'est pas dénué d'intérêt, il présente trop de défauts selon moi pour être une pleine réussite.
On nous annonce dès l'entrée que l'histoire racontera une affaire criminelle non élucidée.
C'est déjà en soi une déception pour le spectateur : un polar dont on sait par avance qu'on ne connaîtra pas l'assassin est tout de même assez frustrant. Mais il y a un propos politique derrière et nous le verrons.
Le synopsis est simple : dans la vallée de la Maurienne, une jeune fille est un matin retrouvée brûlée vive. L'enquête est confiée à Bouli Lanners (toujours remarquable) et à Bastien Bouillon (dont l'impassibilité confinant à l'indifférence devant la souffrance de ses interlocuteurs m'a beaucoup dérangée).
La scène où la mère de la victime est informée de l'horreur m'a évidemment fait pleurer, tant le film a des accents documentaires (il sera dit à la fin qu'il est inspiré de faits réels). Mais ensuite, la bobine s'étire un peu trop en longueur, patine inutilement, on voit l'enquête piétiner, les fausses pistes et les déceptions se multiplier, et le profil de la victime se complexifier.
La jolie blonde n'était en effet pas tout à fait une oie blanche, et les témoignages des nombreux garçons qui l'ont connue dressent un tableau peu farouche de celle-ci. La conclusion de la meilleure amie est cependant sans appel : si sa copine a été tuée, c'est parce qu'elle était une femme.
Le film cherche évidemment à pointer la fragilité constitutive de la femelle qui demeurera toujours la proie facile des violences variées des mâles. Mais c'est pour moi manquer de profondeur d'analyse dans les relations homme-femme dont on voit qu'elles sont bien plus insondables que cette vision manichéenne. Chaque garçon interrogé, aussi innocent semble-t-il, aurait pu avoir une raison de vouloir faire payer la jolie blonde qui usait et abusait un peu trop de ses charmes.
Je retiens la scène où le flic demande à un de ces jeunes amants s'il sait comment est morte son ancienne partenaire :
"Ouais, elle s'est fait cramer, j'crois", répond-il dans un sourire insolent.
L'insensibilité à la douleur, le manque d'empathie sont en fait les clefs de voûte de ce film (de la part des témoins comme du flic qui ne montre jamais de compassion face aux larmes), film pas raté mais manquant pour moi son propos. Dommage !