Sincèrement, s'il n'était pas passé dans le cinéma de ma ville, je n'y serais probablement pas allé. Même si mon amour des animaux me poussait à être un minimum optimiste, la peur de m'ennuyer est toujours réel pour ce genre de documentaires. À raison, du moins au départ : j'avoue que ces longs plans sur des décors enneigés, aussi beaux soient-ils, cela trouve vite ses limites et je commençais à être vraiment inquiet de la suite des événements. Et puis, lentement mais sûrement, j'ai fini par voir où Marie Amiguet et Vincent Munier voulaient amener leur film, et j'y ai été nettement plus attentif.
Je l'écris clairement : ce n'est pas le genre de titres que je verrais tous les jours et quitte à la revoir, je pense que j'attendrais un petit moment. Cela dit, au terme d'un montage que l'on imagine très compliqué tant il a dû être douloureux d'enlever de nombreuses scènes sans doute magnifiques, ce voyage tibétain peut se révéler salutaire pour ceux qui sauront, justement, apprécier l'attente, le plaisir d'être « récompensé » de leur patience, le tout ponctué de somptueuses photos intégrées de temps à autre au « récit » et de créatures ne faisant que passer, en attendant, peut-être, de voir la fameuse panthère, sorte d'arlésienne aussi discrète que mystérieuse.
On sent bien que l'œuvre est adaptée d'un livre de Sylvain Tesson et qu'il faut ainsi mettre dès qu'on en a l'occasion sa (très jolie) plume, lui donnant parfois un côté légèrement schizophrène. Mais ne serait-ce que pour cette « beauté sauvage » superbement mise en avant, ce « plaisir enfantin » totalement assumé d'observer des animaux (en attendant beaucoup moins que nos protagonistes!), mon inquiétude s'est finalement transformée en une forme de soulagement, conscient que ce n'est pas forcément le cinéma qui me fait « rêver », tout en lui reconnaissant d'évidents mérites et qualités.