Quel est l’Iran d’aujourd’hui ? Celui que Jafar Panahi peine à dévoiler car assigné à résidence ou celui de « Téhéran Tabou », sombre et peuplé d’individus remplis de haine et de frustration ? Un voile sombre de paradoxes où l’anti-américanisme flirte avec le capitalisme bien évident. Un pays morcelé par une partie du peuple progressiste, mais un régime qui reste toujours enchainé à la charria. Un pays rayonnant culturellement mais trop inconnu en Occident … Que penser quand on est pas iranien ?


Que penser du scénario de « La Permission » ? Soumis à la censure ? Pourtant il porte un propos audacieux et culotté en mettant les femmes à l’honneur qui se révoltent contre la société patriarcale. Des zones d’ombres subsistent pourtant. Notamment cette fin en suspend, qui montre que le combat d’une femme est encore loin d’être gagné. Mais un sourire se dessine sur le visage de notre héroïne. Celui de l’espoir ?


Face à elle, un mari étrange porté par sa fierté, n’assumant pas sa séparation, il se détourne tout le temps du propos. Politique de l’autruche que de nombreux iraniens appliquent depuis l’importance des réseaux sociaux. C’est un match qui se joue au sein de ce couple et la finale n’est pas forcément remportée par Afrooz. Elle finit cependant sur un tir en beauté. L’homme ne veut pas le divorce, dans ce cas il devra apprendre à vivre des attaques tactiques de sa femme.


Ainsi l’idée se dessine un peu plus à mes yeux. Au-delà d’un film fait en l’honneur des femmes iraniennes soumises à l’autorité de leur mari, il s’encre profondément dans sa contemporanéité. Depuis la révolution verte de 2009 et l’ampleur du mouvement « My Stealthy Freedom », les réseaux sociaux sont la dernière arme pacifique qu’il reste aux femmes aujourd’hui. Si les hommes ont les lois de leur pays, les femmes ont les yeux du monde sur leur condition pour les soutenir.


Afrooz cherche donc des alliés suite à la disparition totale de son équipe comme soutien, qui la portait comme une leadeuse (sur le « droit chemin ») et la confrontation avec sa coach conservatrice. Pourtant rien ne transparait de l’affront qu'Afrooz aurait pu faire à la charria, elle veut simplement se sentir libre au sein d’une équipe où elle peut par moment oublier un peu son mari. Tout se mêle alors et nous dresse un portrait intéressant de la complexité de la société iranienne. Et c’est peut-être pour cela que l’approche du scénario est tout autant complexe.


Pourquoi le récit ne va pas au bout des choses ? Peut-être parce qu’il est impossible de le montrer. Pourquoi la seule amie présente au côté d'Afrooz du début à la fin semble prisonnière, manipulée et jamais ne prendra partie pour elle ? Peut-être parce que c’est elle la censure. Elle nous gêne, et l’héroïne par ailleurs, mais elle est représentative de quelque chose, d’une complexité, d’une réalité.

Ellossan
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le 29 nov. 2018

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