Claude Miller réalise un portrait sensible et juste d'une adolescente dont la cleptomanie est un trait particulier du caractère, un de ceux par lesquels se manifestent le déséquilibre affectif de la jeune fille.
Miller met en scène une scénario co-signé par François Truffaut; rien d'étonnant alors à ce que Janine, "la petite voleuse" interprétée par Charlotte Gainsbourg, présente quelque analogie et lien de cousinage avec l'Antoine Doinel des "400 coups" du même Truffaut, deux personnages dont les histoires et les expériences respectives diffèrent mais que rapprochent de semblables carences affectives et l'instabilité qui en découle.
Janine, abandonnée par ses parents, ne rêve que de s'échapper de son existence rurale et solitaire entre un oncle et une tante pas précisément aimants. Le film est le récit des diverses tentatives et expériences sentimentales et sociales de l'adolescente, une histoire dont l'intérêt et la cohérence psychologiques n'excluent ni la fantaisie ni la spontanéité. Le portrait de Janine est celui d'une jeune fille résolument moderne qui s'intègre parfaitement dans une reconstitution minutieuse de la France de la Libération. Cette forme rétro, associée à la modernité du personnage principal détermine l'originalité et le charme du film. Très bien entourée, Charlotte Gainsbourg, tour à tour timide et pleine d'aplomb, est formidable.