J'ai longtemps pris Almodovar pour un dérisoire extravagant queer à la freuderie facile. Je basais cette paresseuse analyse sur de flous flashes d'enfance mettant en scène Victoria Abril cunilingussée, des interviews cannoises +, une mythologie mondaine visiblement mal comprise, un ensemble d'indices trompeurs jamais questionnés.
Achevant tout juste, et en fanfare, la découverte d'une trilogie malsaine, charnelle et profondément romantique, où le viol et l'amour cohabitent sans heurts (Matador/Habla con ella/La Piel que habito), me voilà contraint d'admettre avoir été l'heureux témoin de l'expression d'un pur génie ayant à coup sûr davantage influencé des Yorgos que des Stevie (#nohomophobe).
Tout y est : esthétique, symbolique, émotion, écriture, singularité, vision, humanité, intelligence... Humour et noirceur, dérision et solennité, équilibrés avec la plus grande virtuosité.
On sent le cinéaste qui cherche et joue à chaque instant, la légitimité de sa vocation validée par chacun de ses choix, on reste captivé et admiratif de bout en bout.