Un cinéma hors des clous

Ce film espagnol, classé dans le genre de l'horreur, est d’une intelligence rare pour ce type de production. L’histoire met en scène un chirurgien qui garde secrètement une femme cobaye avec qui il entretient une étrange relation. Il est impossible d’en dévoiler davantage sur l’intrigue pour ne rien gâcher. Le scénario mérite d’être découvert avec un regard neuf.

Je dois avouer que j'ai été très surpris par ce film dont je n'attendais rien. Pour tout vous dire, je n’avais pas réellement envie de le visionner, d'abord parce que je ne suis pas fan d’Antonio Banderas, et ensuite parce que l’affiche du film ne m'emballait pas du tout. La première demi-heure ne m’a pas convaincu, et je me suis dit : « Oulala, qu’est-ce que c’est encore que ce truc ! ». Il faut dire qu'il y a pas mal de scènes déconcertantes, voire carrément choquantes, des moments un peu glauques qui m’ont mis mal à l’aise. De plus, la narration est non-linéaire, ce qui est souvent usant pour moi. Mais finalement, la deuxième heure du film dévoile toutes ses surprises, avec des rebondissements incroyables et un sens du spectacle admirable.

Je trouve néanmoins plusieurs défauts au film. Certains aspects de l’histoire m’ont échappé, et quelques intrigues secondaires évoquées dans la première partie ne semblent pas se clôturer (mais c’est peut-être moi qui n’ai pas été assez attentif). La ressemblance entre la mère de Vicente et Marilia m’a mené sur de fausses pistes, générant une certaine confusion quant aux rapports entre les personnages. À un moment, je me suis vraiment embrouillé. Il y a aussi quelques dialogues un peu déconcertants. Je ne sais pas si c’est une question de culture espagnole, mais certaines scènes m’ont semblé absurdes, comme le fait que les invités d'un mariage s’envoient en l’air dans les jardins nocturnes, ou que la vendeuse d’un magasin de prêt-à-porter propose des vêtements pour « grosse ». J’ai d’autres exemples, mais il est inutile de tous les citer.

Pour ce qui est du casting, j’ai surtout apprécié les performances d’Elena Anaya, qui est la véritable star de cette production, de Marisa Paredes, et aussi de Jan Cornet, qui ne semble malheureusement pas connaître un grand succès.

Nous sommes face à un véritable chef-d’œuvre, qui casse les codes du cinéma actuel et innove sur presque tous les aspects, surtout narratifs, avec un schéma quasi-unique et une identité folle. Il y a quelques errances difficiles à comprendre, où l’on ne sait pas s’il faut rire ou être mal à l’aise, ce qui me fait dire que le film aurait pu être parfait s’il n’avait pas été aussi maladroit par moments. Mais dans l’ensemble, j’ai trouvé le spectacle hors du commun.