L'obsession de la perfection.
Un film qui dérange et qui perturbe. Éprouvant, à l'image de la bande originale d'Alberto Iglesias, toute en tension avec ces violons stridents, qui nous immerge dans l'atmosphère particulière du film. Pedro Almodovar créer le mystère par une réalisation léchée, qui peut s'appuyer sur des décors dérangeants et une photographie impeccable.
On évolue de révélations en révélations, grâce à de nombreux flashback, apprenant à chaque fois un peu plus du passé de ces mystérieux personnages. On découvre progressivement la destinée effroyable qu'ils ont subit. ils ont fait des erreurs, certes. Mais des concours de circonstance malheureux les plonge dans une profonde détresse. On arrive à les comprendre, mais on ne peut pas vraiment cautionner leurs actes... Antonio Banderas, impressionnant, représente à lui seul tout le côté ambigüe du film. On aboutit alors à une fin inévitable, symbole d'une fatalité tragique, donnant un fausse lueur d'espoir qui finit par nous achever.
On assiste, impuissant, tel des voyeurs, aux malheurs de cette femme, à l'image de cet homme étrange, grimmé en tigre pour échapper à la police, qui va venir rompre la quiétude ambiante. Mais elle aussi victime de la folie désespérée d'un grand homme qui a tout perdu... "La piel que habito" effraie sur la peur de perdre son individualité. Un thème traité ici de manière frontale, Almodovar n'y va pas dans la dentelle. Un film qui secoue autant qu'il questionne, mais on aurait peut-être aimé un résultat un peu moins oppressant et plus optimiste...