avant-goût de sécession

Se plaçant juste avant la guerre de sécession, La piste de Santa Fe met aux prises de futurs généraux de cette guerre, frais émoulus de West Point, et John Brown, un abolitionniste fanatique, personnage historique.

Malgré tout, le film ne s'intéresse aucunement au contexte historique. Et c'est peut-être un bien, étant donné qu'il porte un propos réactionnaire que n'aurait pas désavoué Griffith, qui signait avec Naissance d'une nation une apologie du ku klux klan. Ici, les sudistes sont nobles et courageux, et les nordistes veules et pleutres, pour donner un exemple. C'est donc la vision type Autant en emporte le vent qui prévaut.

Parlons maintenant du film en lui-même : Michael Curtiz a un talent indéniable, conférant aux scènes de combat et de poursuites un rythme soutenu. C'est la partie la plus réussie du film, car le triangle amoureux autour de Olivia de Havilland ne passionne guère, la faute à un Ronald Reagan trop fade. Plus efficace est le duo comique, bien qu'il ne possède pas la finesse d'écriture des personnages comiques fordiens. Réussis également, le rôles de Raymond Massey qui confère à son personnage de John Brown en prêcheur illuminé une dignité qui n'était pas gagnée d'avance, et le rôle de Van Heflin, acteur toujours impeccable, jouant un personnage de couard et de traître. "Sleazy", comme disent les américains.

Dans l'ensemble donc un film réussi, pas forcément à la hauteur d'un cinéaste légendaire comme Michael Curtiz, mais qui se laissera regarder avec plaisir, si l'on est capable de passer outre les opinions défendues, et comportant de réels morceaux de bravoure.

Une mention spéciale pour la scène avec la voyante indienne, qui prédit la guerre de sécession sous les éclats de rire généraux. Un bref instant, malgré son peu d'implication historique, le film aura réussi à rendre l'absurdité d'une guerre dont les effets durent encore de nos jours.