Franchement pour un film de 1930, The Big Trail s'en sort vraiment bien. Loin des hésitations apportées par les débuts du parlant, ce western de pionniers fait montre d'une belle maîtrise. Raoul Walsh est déjà très à l'aise et les images sont assez magnifiques.
L'histoire est classique, un convoiement de colons du Missouri jusqu'aux contrées inconnues de l'Ouest sauvage, aidé par un guide charismatique. Il y a bien sûr une histoire d'amour et une histoire de vengeance en filigrane, ce n'est pas le plus intéressant.
Ce qui passionne dans ce film, c'est le caractère épique du voyage des premiers colons. Nous sommes encore à l'époque où les fusils se chargent par le canon, l'homme blanc n'a pas encore mis sa grosse patte sur la vallée magnifique qui attend nos courageux pionniers, cachée entre deux montagnes et protégée par des arbres gigantesques.
Chaque étape du voyage est un régal pour les amateurs de couleur locale, les gestes quotidiens sont particulièrement bien rendus. Hommes et femmes s'attellent jour après jour à leur tâche infinie, bravant le courant des rivières, le désert impitoyable, les guerres indiennes, les tempêtes de neige en montagne, laissant ici et là fleurir les premières tombes.
Pour son premier grand rôle, John Wayne convainc plus par sa stature que par un jeu d'acteur assez médiocre, mais ce n'est pas non plus le pire jeune premier que j'ai pu voir. La façon dont ce jeune homme arrive à sauver sa prestation par la seule présence de ses larges épaules est à la fois bizarre et fascinant.
A conseiller aux amateurs du genre essentiellement, mais à conseiller de tout coeur.