Ah Andy Serkis ! Rarement lui-même mais toujours aussi bon, que ce soit en Gollum ou en César. Pas de doute, si « La planète des singes : l’affrontement » est réussi, c’est grâce à son interprétation nuancée et plus vraie que nature du roi des singes. Pire que cela, grâce à son jeu et à la qualité d’écriture des scénaristes Rick Jaffa, Amanda Silver et Mark Bomback, le spectateur se retrouve à ressentir de l’empathie envers César et sa famille, parfois plus qu’envers les hommes.
Bien sûr, le destin de nos semblables intéresse quand même, mais de façon plus légère. La faute à l’absence de personnages forts. Difficile d’être plus charismatique que César, évidemment. S’il avait bénéficié de plus d’attention, Dreyfus, le personnage de Gary Oldman, aurait pu être le leader charismatique dont l’humanité dépend. Malheureusement, certaines pistes sont aperçues sans être développées. Comment lui et Malcolm ont fondé et maintenu debout la communauté par exemple. Du côté du héros humain joué par Jason Clarke, c’est à peu près la même chose. Faute à l’acteur ? Faute à son écriture ? Tout comme James Franco dans les origines, Malcolm est fade comparé à César. Je déplore également le manque de personnages féminins forts, mis à part la belle Ellie, c’est le néant en termes de féminité.
Tant d’éléments qui me font dire que face aux singes, il était évident que la communauté humaine doive s’incliner.
Parce que les singes, eux, en ont des choses passionnantes à montrer : une communauté naissante, l’apprentissage d’une nouvelle culture, les liens familiaux qui découlent de ce mode de vie novateur, le rapport au chef, etc. Matt Reeves exploite avec brio ces nombreux aspects, sans surcharger d’informations le spectateur. Une présentation succincte du monde ces dix dernières années suffit à être au fait de "ce qu’on a manqué". Place au présent. César a vieilli, est père et leader des singes. Koba et les autres singes libérés lui sont dévoués. La trêve entre singes et humains est fragile, mais tiendra malgré tout une grosse moitié du second épisode de la saga de Matt Reeves.
Les confrontations entre singes et humains sont mises en scènes de façon correcte. La violence de l’affrontement se fait sentir, renforcée par l’omniprésence des flammes. Je regrette simplement un petit coup de mou sur la fin, lorsque César et Koba se retrouvent pour une dernière échauffourée. Il n’empêche la totalité des combats prend aux tripes, car on ne souhaite la défaite de personne. Ni les singes ni les hommes ne sont mauvais. Chacun veille à ses intérêts, chacun dispose dans son camp de bons et de mauvais individus, et ce qui rend l’issue du combat, quelle qu’elle soit difficile.
Finissons sur un petit point technique. Les compositions de Michael Giacchino m’avaient déjà tapé dans l’œil (si je puis dire) sur « Super 8 ». Dans le film de Matt Reeves, elles sont tout aussi réussies. Des thèmes forts accompagnant à merveille la vendetta des singes. En ce qui concerne la 3D, si jamais vous avez le choix, je ne peux que vous conseiller de vous en passer. Elle assombri le film, gâche la lumière naturelle de certaines scènes en forêt et n’apporte de plus que peu de profondeur à l’action.
Maintenant, en tant que spectatrice conquise et lectrice aimante du roman de Pierre Boule, je n’attends plus qu’une chose. La domination de la planète et de la race humaine par César et sa famille sous la caméra de Matt Reeves.