Psychologie d'un conflit.
"Dawn of the planet of the Apes", deuxième volet d'une nouvelle saga sur les célèbres singes intelligents inventé par Pierre Boule, est une excellente surprise. Pas tant pour son synopsis qui n'est, au final, pas du tout nouveau, mais plutôt pour son déroulement et sa mise en scène. La grande force du film est qu'il est universel. Explications.
Les humains sont décimés à cause d'un virus développé par l'homme, mais qui a muté lors de tests sur les singes et qui les ont rendus intelligents par la même occasion. A la suite de ça, les hommes ont pris, avec le temps, la mauvaise habitude de rejeter la faute de leur sort sur les singes. Les singes ont quant à eux toujours un ressenti amer de leur ancienne condition avec les Hommes, qui les enfermait dans des cages. Dans chaque camp, il y a différentes sensibilités, et c'est sur ce point que le film est magnifique. Chaque personnage, simien ou humain, a été écrit et interprété avec une application comme on en voit plus dans les blockbusters. Jason Clarke, Gary Oldman et Andy Serkis ont fait un travail d'expression corporel et facial absolument remarquable. Car même si je n'ai pu le voir qu'en VF, les dialogues n'ont presque que peu d'importance, si ce n'est pour trancher des situations de silence. Même si les interprètes vocaux français sont toujours excellents, le décalage labial peux toujours casser un peu l'immersion. Mais dans ce film, aucunement.
L'affrontement du titre n'est finalement pas le gros morceau du film, il est finalement l'introduction à l'affrontement à venir. On se retrouve donc face à un long-métrage très pédagogique sur les notions de diplomaties, de relations entre nations et d’intérêts communs ou contradictoires. Comment la politique intérieur d'une communauté peut dérégler un processus de relations entre deux factions qui ont du mal à s'entendre, alors qu'elles n'ont finalement pas grand chose qui les différencie ? C'est cette question qui sous-tend tout le film. Et l'on se retrouve finalement à comprendre que le dernier blockbuster autour des singes est un film bien plus politique que tout les portraits de chef d'état qu'à pu faire Oliver Stone.
Le fait qu'un film pose et nous interroge sur autant de sujet, alors qu'il n'est question que d'un conflit science fictionnel entre des humains en voie de disparition et des singes qui ont fait un bond dans leur évolution montre bien à quel point il ne concède en rien à la facilité de se reposer sur un simple attrait visuel (coucou Michael Bay). Et encore, il survole aussi le sujet de la haine et du racisme (qui porte bien son nom dans ce contexte, vu qu'on est bien face à deux races qui se font face). De tout ça, le film n'en est finalement que très actuel, et rappelle de façon bien involontaire mais très incroyable les événements en Ukraine et en Palestine. Ou comment parler de sujets sensible par le prisme du cinéma de fiction.
C'est un très beau film, peut être le plus beau sorti au cinéma cet été. Il ne concède jamais à la facilité, ne cherche pas la blague facile (vous savez, cette réplique écrite juste pour mettre un effet comique), est très émouvant et nous tiens en haleine pendant 2h15. On se sent grandi en sortant de la salle de cinéma, et le silence total ou presque à la fin de la séance (dans une salle bondée pour mon petit cinéma de province) m'a montré à quel point je n'étais pas le seul sur lequel il a fait effet. Un vrai grand film de cinéma, comme l'est quasiment à chaque fois les opus de La Planète des Singes.