La conclusion de cette trilogie prend des proportions bibliques, la preuve, elle est une meilleure relecture de l'Exode que Exodus Gods and Kings. Après un premier film prometteur, dans un futur proche encore civilisé, suivi d'un second volet d'une ampleur post-apocalyptique excellente, cet ultime épisode du parcours de César et des singes en est le plus abouti. Il est aussi celui qui subira le mieux l'usage du temps au niveau visuel.
Dans Rise et Dawn of the planet of the apes, le scénario prenait toujours soin de nous accompagner au travers d'un personnage humain central, par soucis d'identification. Avec War, Matt Reeves donne une pleine confiance au pouvoir de la motion capture. Le personnage principal est indubitablement César, et on restera du début à la fin de son point de vue. Nous éprouvons beaucoup plus d'empathie et d'attachement envers les singes, et cela va de pair avec la vision pessimiste de l'homme jusqu'au bout, qui est donnée dans ce blockbuster estival étonnant.
War of the planet of the apes est un mélange de genres, entre le Western crépusculaire neigeux, le film de guerre ( d'Apocalypse Now à Full metal jacket) et le film carcéral d'évasion (un retour au source par rapport au premier film de la trilogie). Cette richesse des genres se ressent dans la très belle BO symphonique, entre western épique et drame intimiste.
Le film poursuit sa réflexion sur les causes et conséquences d'un conflit entre deux minorités, la vengeance, la rancoeur. On pouvait craindre un antagoniste de militaire stéréotypé avec le rôle de Woody Harrelson (coucou Avatar), il n'en n'est rien. Le scénario évite avec justesse le manichéisme primaire, et pose des dilemmes moraux sur les mesures à prendre, dans des conditions de survie extremes, quand la survie de son espèce est l'enjeu principal. On est aussi surpris de ne pas avoir à faire à une simple guerre humains / singes, le conflit est plus nuancé, plus complexe, et donne de l'épaisseur à l'intrigue.