Troisième et dernier volet de cette nouvelle saga de « La Planète des singes », « Suprématie » apparaît dans la lignée des précédents, au moins en matière de qualité. Il y a même peut-être une légère montée en puissance concernant les titres, d'autant qu'on sait gré aux scénaristes de parvenir à trouver une histoire vraiment différente à chaque fois, empêchant l'impression de lassitude qui aurait pu s'installer. De plus, techniquement et visuellement cela reste très propre, très soigné, avec un vrai sens du spectacle tout en prenant un minimum soin des personnages (celui d'Amiah Miller est une belle trouvaille) et de leurs motivations, le parti pris évident pour les singes pouvant paraître un peu manichéen, mais offrant un regard différent et intéressant en comparaison des blockbusters habituels.
Dommage qu'en définitive, le film ne m'ait pas emporté plus que ça. J'apprécie la démarche, la force de certaines images (la traversée sous la neige avec cette musique imposante : vraiment pas mal), sans jamais réellement m'enflammer. Peut-être cette numérisation des singes avec lesquelles j'ai vraiment un souci, ou cette difficulté qu'a Matt Reeves à nous impliquer corps et âme dans la bataille, quelques soucis de cohérence
(la petite fille se baladant dans le camp comme dans un hôtel, l'évasion finale rondement menée)
empêchant également l'œuvre de se situer au sommet de la hiérarchie des blockbusters hollywoodiens récents, comme en témoigne le protagoniste (bien) incarné par Woody Harrelson : gros potentiel, intéressant, sans parvenir à être aussi marquant qu'il ne le devrait. Reste qu'en matière de spectacle intelligent, mené avec talent et sobriété, avec ce qu'il faut d'enjeux et de modernité dans le propos, « La Planète des singes : Suprématie », n'oubliant nullement son glorieux ancêtre de 1968, apparaît comme l'une des grosses productions de qualité en cette année 2017 jusqu'ici plutôt moyenne.