"Surprise, retour inattendu d’un film d’animation en compétition officielle à Cannes avec La Plus Précieuse des marchandises, de Michel Hazanavicius. Cela ne s’était pas produit depuis La Planète sauvage en 1973. Le cinéaste a mis ses talents de dessinateur à profit pour revenir sur un épisode bouleversant qui aurait pu se produire dans les années 40, à la lisière du camp de concentration d’Auschwitz. Un bébé est miraculeusement sauvé par une pauvre bûcheronne et le reste de l’aventure est à découvrir dans le cœur battant des personnages."
"L’hiver est rude au cœur d’une forêt polonaise, mais ce n’est pas cette atmosphère qui nous a immédiatement paralysé au démarrage de la projection. Un narrateur présente un conte d’une grande sensibilité et c’est bien la voix de Jean-Louis Trintignant, disparu deux ans plus tôt, qui nous accueille dans un monde plein de noirceur. Sans forcément savoir à quelle époque nous sommes plongés, c’est d’abord les lamentations d’une pauvre bûcheronne au pied des rails qui traversent la Pologne. Par miracle, ce que l’on devine être un convoi des déportés relâche un bébé dans la neige. Le réflexe est donc immédiat pour cette femme qui se languit d’une enfant depuis un moment."
"Tout le monde possède un cœur et l’objectif est de pouvoir l’entendre, signe que l’humanité n’est pas condamnée à renoncer aux trésors de la vie. D’une péripétie à une autre, l’enfant devient le fil rouge d’un récit beaucoup plus décousu, avec des flashbacks qui nous propulsent à l’intérieur du camp d’Auschwitz notamment. Cela permet également de lancer un nouvel arc narratif qui se recoupe avec le premier. C’est là que l’animation traditionnelle gagne à devenir cérébrale, lorsqu’Hazanavicius représente les âmes sacrifiées d’une guerre que personne n’a réclamée. Pourtant, il existe bel et bien des méchants dans cette histoire. Le film ne leur donne en aucun cas du crédit et reste ferme sur la réalité des exterminations de masse, quitte à fièrement épouser le mélodrame. Et même s’il n’est pas ce que l’on retient en premier de la compétition cannoise, force est de constater que les choses semblent avancer pour le mieux en termes de diversité des genres. C’est donc avec une grande maîtrise et une sobriété esthétique que La Plus Précieuse des marchandises convainc."
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