Un jeune héritier refuse de se marier. Réfugié dans un monastère, il se laisse convaincre par des moines hédonistes (qui lorgnent sur la dot), de faire passer une automate, construite par un savant génial, pour sa promise. A eux, la dot, à lui, la paix...Mais rien ne va se passer comme prévu, car ladite automate est en fait Ossie, la fille du savant génial, bel et bien en chair et en os.
La Poupée est une fantaisie comme seul Lubistch ou presque en a le secret (et dont il nous gratifiera jusqu'à sa mort en 1946). Tout est y est hédoniste, joyeusement impertinent sans être scandaleux : les moines sont intéressés par le dot mais seulement par gourmandise et donc pour s'acheter plus de victuailles ; l'héritier refuse de se marier (et donc les 40 prétendantes qui se jettent à ses pieds) mais pas parce qu'il est homosexuel ; la preuve, il est finalement heureux de s'être marié avec Ossie.
Au-delà de ce simple constat - celui de charmante fantaisie, cette oeuvre de jeunesse peut valoir aussi d'illustration d'un principe simple, celui du cinéma comme illusion consentante. La référence à Méliès est ici explicite, ne serait-ce dans les effets spéciaux ou plus encore dans le prologue même du film qui voit Lubistch lui-même placer un décor miniature (une maison, des arbres, des poupées) qui finalement va devenir le décor du film (et les poupées devenir des acteurs). On pourrait parler de méta-représentation ; dit simplement, d'une convention implicite du cinéma qui veut que l'on sait que tout est faux, mais que le temps d'un film, dans une sorte d'amusement réciproque, on va se faire croire que tout est vrai. Ainsi, on ne peut pas imaginer que tout le monde puisse croire qu'Ossie soit un automate et finalement, on accepte de le croire pour atteindre un but encore supérieur au réalisme, celui de la comédie.