Un trio amoureux que seul Tennessee Williams peut imaginer. Une jeune fille est à la veille de célébrer ses 20 ans et sur le point de se donner charnellement à son mari qui avait juré à son beau-père deux ans plus tôt d’attendre que sa fille atteigne cet âge avant de consommer le mariage. Sentant le rejet de son épouse qui lui reproche de la faire vivre misérablement dans une maison en décrépitude et vidée de ses meubles faute de paiement, le mari va mettre le feu dans la grange de son compétiteur assuré que celui-ci n’aurait pas le choix de venir carder son coton chez lui. C’est ce qui arrive dès le lendemain, mais le propriétaire de l’usine incendiée repartira en ayant la preuve de la culpabilité du mari en plus de lui subtiliser la virginité et le cœur de sa femme. Mais au-delà de la situation, c’est la construction psychologique des personnages qui rend l’auteur de théâtre si unique. Chaque être qui nait de sa plume possède quelque chose de subtilement obsessif ce qui rend l’action aussi intense qu’inattendue. Les acteurs choisis pour les incarner lui rendent justice. Carroll Baker est parfaite en femme enfant dégageant une maturité une fois sa virginité perdue. Karl Madden est effrayant dans ses ambitions et sa déchéance. Eli Wallach à quelque chose à la fois de pervers et machiavélique. La direction d’acteur prend toute son importance dans un tel univers et la production ne pouvait mieux miser en confiant la réalisation à Elia Kazan. Chacune des œuvres du cinéaste témoignent de sa sensibilité et de son intelligence dans la manière de traiter les sujets.