Dans mon exploration du cinéma politique américain des 4 P (Peckinpah, Pakula, Pollack, Penn), j'ai regardé The Chase (encore une piètre traduction française d'un titre de film) en pensant voir un film de course-poursuite sec et haletant, entre Marlon Brando et Robert Redford dans les plaines du Texas. Un programme qui me convenait tout à fait.
Et c'est à un film social, à une étude de moeurs sous forme de thriller qui s'est ouvert à moi. Une petite ville américaine, bonne sous tous rapport, avec ses riches d'un côté, sa classe moyenne de l'autre, et loin, hors de leur vue à tous, les pauvres et les noirs. Mais un élément déclencheur va être le catalyseur de la haine de ces bons citoyens blancs américains de classe moyenne. Bubber Reeves, natif du patelin, s'est échappé de prison pour revenir au bercail.
Plus qu'à un jeu du chat et de la souris, entre gendarme et voleur, c'est la chasse désordonnée mais ultra-violente que donne cette société aux démons qu'elle a engendré que nous montre le film. Il nous montre la violence théâtralisée et vénérée par ceux qui n'en ont pas besoin, mais, qui par ennui ou par débilité, en ont envie. Entre le fugitif et les bonnes gens de la ville, le flic, incarné par un Marlon Brando droit et blasé, tente de protéger les exclus qu'engendre la bonne société.
Servi par un grand casting de seconds rôles (Angie Dickinson, Jane Fonda, James Fox, E.G. Marshall et Robert Duvall), The Chase nous montre ce qu'il pourrait y avoir de plus mesquin chez chacun de nous, une fois installés dans notre confort financier et un ennui bourgeois.
Les antagonistes ne sont jamais ceux que l'on croit