Samedi soir, dans une bourgade du Texas. La fête et l’alcool battent leur plein, jusqu’à ce qu’une nouvelle n’échauffe les esprits : Bubber, un voyou local, vient de s’échapper de prison, et retournerait peut-être en ville. Le shérif Calder, plus tempéré que la population, va tenter de calmer le jeu… « The Chase » est tout d’abord un drame intelligent, proposant des personnages nuancés et profonds, interprétés par des acteurs de premier choix.
Marlon Brando est bien sûr excellent en policier déterminé à être intègre… et dépité par le fait que tous les habitants sont persuadés qu’il est corrompu par le magnat local ! Celui-ci, joué par E.G. Marshall, loin d’être un millionnaire abjecte et arrogant, est avant tout un père aimant, et un homme maladroit, qui a du mal à créer des relations autrement que par le pouvoir et l’argent. Le so british James Fox campe quant à lui de manière étonnante son fils, qui ne parvient pas à être heureux. On y retrouve également Robert Redford (alors peu connu) dans le rôle d’un voyou avant tout malchanceux et victime de son destin, ou encore Jane Fonda en femme tiraillée, et Robert Duvall dans un petit rôle appréciable. Bref, du tout bon !
Tout ce petit monde va interagir et constituer les rouages d’un véritable tragédie, filmée de manière sobre et sombre, avec plusieurs scènes marquantes (l’affrontement dans le bureau étant peut-être la plus célèbre). Mais « The Chase », c’est aussi un portrait au vitriol du Texas. Le film pointe du doigt les problèmes sociaux (ghettoïsation des immigrés mexicains, racisme anti-noir…) mais surtout le comportement de la population. Violence et sentiment d‘auto-justice exacerbés par l’alcool et le port d’arme généreux, lâcheté et commérage cynique, émancipation sexuelle engendrant de la tension plus que de la libération : l’image est loin d’être reluisante !
Plutôt qu’un polar, « The Chase » est donc surtout un drame fin et réussi, accessoirement porté par la jolie BO de John Barry.