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"La Prochaine fois je viserai le cœur", adaptation de l'affaire Alain Lamare, le tueur de l'Oise. Une affaire hors normes et très étrange, comme l'annonce l'un des cartons titre au début du film. Mais le récit lui ne sera ni hors norme, ni étrange. Réussir à écrire une histoire aussi plate, banale, et ennuyante avec un tel sujet offert sur un plateau... C'est vraiment un savoir-faire français.

Qu'on ne s'attarde pas trop sur les crimes de Lamare passe encore, on y a le droit dans la scène d'intro qui est sympa, et ses crimes n'ont rien de très spectaculaire de toute façon. Mais le reste du traitement de l'affaire et des personnages ?

Pourquoi s'attarder sur le petit frère de Lamare et non sur ses collègues ? On parle ici d'un flic tueur, il y a de nombre enjeux quasi jamais vu au cinéma dans une telle situation. Une intrigue B où l'on voit le supérieur de Lamare remonter jusqu'à un potentiel flic tueur, et ensuite remonter à lui, aurait été passionnante, voir ses doutes, ses tiraillements...

La fraternité et les liens très forts entre policiers ne sont jamais traités, la seule peinture qu'on a d'eux est encore celle de gros beaufs misogynes... Où sont leurs réactions meurtries en apprenant que c'est un de leurs frères qui est le tueur de l'Oise ? (Certains en pleurent encore aujourd'hui). À la place, le personnage de la copine, qui est utile pour montrer l'état de démence de Lamare et sa dualité, ses 2 visages. Mais beaucoup de trop de temps lui est accordé à mon goût au vu de son importance.

Toujours dans les scènes fortes manquées, alors qu'elle était servie sur un plateau. L'appartement de Lamare, qui est anecdotique dans le film, est un appartement qui dans la vraie affaire, était truffé de preuves de préméditation contre ses collègues, ses amis, leur famille (photos, mots, carnet...). Le vrai Lamare dira même à un de ses collègues, au moment où il est arrêté, qu'il comptait s'attaquer à lui et sa femme dans la soirée, glaçant non ?

Outre l'excellente performance de Canet, le vrai Lamare est bien plus psychopathe quand il "vrille" dans la folie (les images qu'on peut trouver, notamment celle où il est embarqué par ses collègues, en disent long sur sa psychopathie).

Mais surtout, Lamare est complexe, car on pourrait dire qu'il aboie plus qu'il ne mord : 1 meurtre et 5 tentatives ratées. Il allait soit disant tuer ses collègues et leur famille, juste avant de se faire arrêter. C'est presque un fanatique de tueurs en série, qui voudrait en être un, mais qui a tout d'un tueur en série, sauf les actes.

Et pour finir, dernier point non traité : le potentiel scandale judiciare étouffé par la justice qui a décrété Lamare ''fou", et donc non-responsable de ses actes, c'est-à-dire qu'il n'était pas conscient au moment de ses crimes. Ce qui évite un scandale médiatique et d'avoir en gros titre "un policier tueur envoyé en prison". Mais donc, question très intéressante qui aurait pû être soulevée, ça voudrait dire que Lamare était fou et inconscient, seulement lors de ses moments de repos ? De plus, la non-conscience et la préméditation sont incompatibles en justice et en psychologie. Si Lamare était pris d'état de démence sur une très courte période, dans les moments où il a commis ses agressions, comment se fait-il que son appartement soit une caverne d'Alibaba en ce qui concerne la préméditation ?

Il y avait donc tout pour faire du grand cinéma policier dans cette affaire, mais toute l'originalité de l'affaire a été retiré pour garder des enjeux de téléfilm vus et revus. Relation avec un petit frère, une copine, des parents, tout en enlevant le développement de la relation avec les collègues, qui fait toute la puissance de cette affaire. Et ce sont ces mêmes personnes qui vont citer des Memento, Old Boy ou Seven comme des chefs d'œuvre, mais qui les auraient transformés en drames intimistes s'ils avaient eu les scénarios entre les mains.

Hugo-R
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le 22 juin 2024

Critique lue 5 fois

Hugo-R

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