« Une des plus étranges histoires criminelles françaises ». Le ton est donné. A l’écran, l’histoire vraie d’un homme à la fois gendarme modèle et tueur maniaque, rien que ça. Pour son troisième long métrage, Cédric Anger pousse les opposés à leur paroxysme : la figure de l’autorité et celle de la déviance, l’homme et la femme, voire le bien et le mal. Cannet est magistral dans son interprétation froide, si ce n’est glaciale, de cet homme aux deux visages, rejeté, qui porte en lui le dégoût de l’humanité. Il incarne à merveille la solitude, la haine des autres et plus encore de lui même. Devant tant de cruauté de la part de cet homme somme toute « normal », on ressent un mélange de dégoût et de pitié. Par moment, on aurait presque envie de rire quand on sait que le loup est parmi les brebis. Dès le départ comme cet anti-héros, on sait qu’il n’y a pas de place pour l’espoir, pas d’échappatoire ou d’issue possible, peut-on parler de tragédie, de fatalisme ? Est-il né tueur ou le devient-il ? Par sa justesse, ce film laisse perplexe, plus encore il dérange, et c’est un compliment.