Premier western de Howard Hawks, La rivière rouge est un peu surprenant dans le genre, car il s'agit ici de la transhumance, en l’occurrence de dix milles vaches, le tout sous la surveillance du chef, incarné par le Duke, et de son fils adoptif, incarné par Montgomery Clift.
Hawks n'oublie pas la gente féminine, et propose un rôle formidable à Joanne Dru, impressionnante de tenue et de rigueur, jusqu'à ne pas broncher quand elle recevra une flèche dans l'épaule.
Voir ce film, c'est aussi assister à l'opposition de deux hommes, je dirais même de deux styles. John Wayne, qui représente la droiture, la stature la plus iconique de l'Homme, avec ses principes, et Montgomery Clift (pour qui c'est son deuxième rôle au cinéma) qui est un peu le chien fou, celui qui n'hésite pas à s'opposer à son père, et qui au fond est le pris épris de la liberté en affrontant son supérieur.
Les deux acteurs sont vraiment magnifiques, aussi bien Wayne qui n'hésite pas à se montrer faible par moments, voire un salopard (ce qui est rarissime dans sa carrière) tout en ajoutant le risque de paraitre vieilli avec ses cheveux teints, et Clift par la profondeur de son jeu, sa gravité qu'il dégage, très typé Actor's Studio.
Le film en lui-même n'est pas en reste et propose un moment très impressionnant, vers la moitié, avec la fuite du bétail et la course-poursuite qui s'en suit. et la bataille qui va suivre après. C'est là qu'on voit que Hawks est un très grand réalisateur, car il filme cette fureur à bonne distance, et aussi comme une menace inconnue, vu que ça se passe la nuit.
Je le dis souvent ; le Western est un genre idéal car sa grande souplesse lui permet de tout faire (ou presque), et d'éviter les clichés attendus comme les Indiens, le Saloon ou le rôle mineur des femmes dans l'histoire. Là, on évite tout, et avec une histoire et des acteurs pareils, j'adhère totalement !