La Rivière rouge ou l'irruption de génie dans le western du génial touche à tout Howard Hawks. Un noir et blanc plus blanc que noir, saturé par le soleil et la poussière de l'Ouest américain.
La Rivière rouge doit beaucoup au couple John Wayne/Montgomery Clift, à la puissance terrienne et masculine de l'un contrebalancée par la grâce éthérée et féminine de l'autre.
Le film de troupeau, qui impose le temps long et quasi contemplatif de la transhumance, devient, avec la Rivière rouge, un sous-genre à part entière du western, peut-être le plus beau d'entre tous. S'appuyant sur des codes que d'autres, comme Robert Aldrich avec El Perdido, perpétueront.
En revoyant les montres sacrés du western (la Rivière rouge, Rio Bravo, la Poursuite infernale, l'Homme qui tua Liberty Valance, la Prisonnière du désert), le parallèle avec la tragédie grecque m'apparaît de plus en plus évident. Celui d'un âge d'or aussi bien civilisationnel qu'artistique se concentrant sur une brève et intense période, porté par des maîtres (Eschyle et Sophocle pour l'un, Ford et Hawks pour l'autre) et qui s'appuie sur des mythes fondateurs.
D'ailleurs, la comparaison ente Athènes et les Etats-Unis d'après-guerre ne s'arrête pas, puisque ce sont deux empires qui taisent leur nature, dominant de fait des alliés avec un discours hypocrite de défenseurs du monde libre face à ennemi bien identifié (Sparte et l'URSS).