Comme à son habitude, Hong Sang-soo déroule sa petite mélodie que le titre programmatique annonçait sans surprise : une réflexion sur la création artistique, des personnages féminins et des rencontres fortuites mais savamment écrites, qu'une mise en scène ouverte à l'impromptu et l'improvisation enrobe d'un étrange sentiment de vérité.
Mais, se faisant, le réalisateur, en pleine possession de son objet, se réinvente, faisant presque disparaître son éternel alter ego cinéaste, ici tourné en dérision et très vite évacué du tableau, éclipsé par deux beaux portraits de femmes à la recherche de leur réinvention artistique.
Lors d'un émouvant film dans le film final, son image distanciée au noir et blanc surexposé et artificiellement granuleux laisse soudain la place à une couleur et une proximité émouvantes, au travers desquelles se dessine, avec étonnement, un autoportrait bien plus puissant que tous les personnages fictifs.
S'il ne renoue pas totalement avec ses merveilleux premiers films, qui brouillaient la frontière entre rêve et réalité, Hong Sang-soo brouille ici celle qui sépare la réalité de la fiction. Revenant un peu sur la frontalité photographique de ses récentes créations, il se dévoile ici en amoureux éperdu de sa muse et compagne, la grande Kim Min-hee (qui n'y est pas pour rien dans cette réussite), et réalise un film poétique, moins anecdotique, qui brise enfin la monotonie sur laquelle il semblait se reposer depuis quelques années.
Pour notre plus grand bonheur.