Difficile de dire si La Romancière est une œuvre majeure ou mineure dans la filmographie du très prolifique Hong Sang-soo. L'impression sera variable pour les fidèles du cinéaste coréen, qui ne seront pas en tous cas en terre inconnue, ni pour ceux qui ne goûtent pas sa petite musique dont chaque nouveau long-métrage constitue une variation saisonnière, plus ou moins subtile, selon que vous soyez admirateur ou réfractaire. Dans son dernier opus, Hong opte pour le noir et blanc, hormis pour une séquence, et pour un récit très lisible dans lequel il enchaîne les lieux et les rencontres, à partir de son héroïne, une écrivaine en panne d'inspiration. Le réalisateur aime les hasards et les coïncidences et s'amuse à brocarder son propre univers, celui du cinéma, avec entre autres un réalisateur légèrement imbu de lui-même et remis vertement à sa place. L'autre figure importante du film est celle d'une actrice qui n'a plus travaillé depuis un certain temps et dont la conversation amicale avec la romancière débouche sur de nouveaux horizons. De façon surprenante, on boit davantage de café que d'alcool dans le film mais cette "anomalie" est réparée in fine dans une scène euphorisante. Tout cela fait que La Romancière nous installe une fois de plus dans un petit monde qui nous est familier mais dont le charme évanescent agit progressivement, presque comme d'habitude. Comme aurait dit le poète s'il avait connu Hong Sang-soo : ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre.