Sorti l'année dernière, Introduction affichait un dépouillement total ; esthétique d'une part, même pour un film de Hong Sang-soo, et scénaristique de l’autre, les relations entre les personnages étant à peine effleurées. Il en résultait un film assez hermétique et ennuyeux dont on attendait inlassablement le développement, bien loin du Jour d'après ou de Hotel by the river, qui utilisaient des sujets universels (le couple, la famille) pour toucher le spectateur malgré leur retenue.
La Romancière, le film et le heureux hasard s'en sort mieux que la précédente création du maître : on trouve ici quelques moments de grâce, à l'image de cette relation passée que l'on devine en quelques regards lors d'une très réussie scène de beuverie (encore). Pour autant, la magie ne prend pas. Car le moteur du récit est tout autre : Hong Sang-soo refuse d’explorer la complexité des relations humaines et se conforte dans l'auteurisme méta, se créant deux alter-égo pour mieux regarder son nombril. Ses questionnements sur l'art (ou plutôt : sur son art) nous sont parvenus presque sans détour, les personnages n'étant que des éléments de réflexion plus ou moins explicites, très peu vecteurs d'émotions malgré l'attention portée à leurs visages.
Il y a quelque chose de frustrant à voir un réalisateur talentueux se complaire dans une formule limitée dont on cherche les petites variations pour y trouver du sens, dans un rapport finalement similaire au cinéma commercial. Il n’est pas question de reprocher à Hong Sang-soo sa constance, mais son automatisme : quelle flamme anime La Romancière, le film et le heureux hasard, si ce n’est le plaisir de la comparaison et le confort de l’habitude ?
Cette redondance ne serait pas aussi frustrante si ce dernier film n'était pas lui-même basé sur une double-répétition ; celle de la structure (une succession de rencontres et retrouvailles plus ou moins impromptues), et celle au sein même des séquences, alternant inlassablement entre dialogues signifiants et quotidiens. On navigue d'un moment de flottement à un autre, sans qu'ils ne retranscrivent des sentiments hésitants ou paradoxaux. Au bout du chemin, la démarche semble un peu vaine.
Site d'origine : Ciné-vrai