Xavier Alvarez,architecte provençal ambitieux issu des bas quartiers,sympathise avec le député Vincent Cluzel,un type honnête qui voudrait conquérir la mairie d'Aix.Peu à peu,il s'impose dans l'entourage du politicien,au point de devenir son conseiller,son soutien financier et même d'épouser sa fille,en espérant qu'une fois élu son poulain lui renvoie l'ascenseur et lui octroie de juteux marchés publics.Le réalisateur-scénariste François Favrat avait plutôt bien réussi son premier long "Le rôle de sa vie" cinq ans plus tôt et s'en sort là encore pas mal avant que son sinistre "Boomerang" ne lui revienne en pleine gueule en 2014.Il s'inspire ici de l'affaire Pierre Botton,cet homme d'affaires lyonnais qui avait favorisé la carrière de son beau-père Michel Noir avant de provoquer sa chute quand ses malversations ont été découvertes."La Sainte-Victoire" détaille le fonctionnement des manoeuvres politiques et dresse le pessimiste constat de l'impossibilité qu'il y a,même pour les plus purs,d'éviter la corruption de ce milieu.Parce qu'il existe une donnée invariable en politique:ça coûte cher et ça demande beaucoup d'argent,qu'il faut bien se procurer quelque part.Raide comme la justice,Cluzel va voir ses résolutions s'effriter inexorablement dès qu'il met le doigt dans un engrenage qui va le broyer.Ses concurrents ont des accointances avec la mafia et usent de tous les procédés pourris habituels,espionnage,intimidations,violences et corruption de certains proches du député moins droits qu'ils ne le paraissent.Mais il va surtout être victime de celui qui l'a fait,son cher gendre qui s'est mis dans le rouge financièrement pour l'aider et entend bien récupérer son investissement.Ca pourrait bien se passer car le système est verrouillé mais Alvarez montre progressivement sa vraie personnalité,celle d'un dingo instable,hystérique,flambeur et parano dont les conneries vont faire s'écrouler tout l'échafaudage si patiemment monté.L'histoire est un peu parasitée par une sombre intrigue autour d'antennes relais installées par une entreprise qui graisse la patte des élus afin de cacher la dangerosité de ce matériel nocif pour le voisinage.L'ensemble est donc assez confus et s'éparpille de manière peu maîtrisée entre une foultitude de personnages et un discours gaucho-moraliste parfois trop appuyé mais la narration fonctionne correctement.D'autant que la directrice de casting Françoise Ménidrey a réuni une distribution aux petits oignons,à l'exception hélas du rôle principal tenu par un Clovis Cornillac aussi déplorable qu'il l'est souvent et qui fait de son personnage déjà chargé à la base un mongolo puissance dix tant il cabotine à outrance.Heureusement que les autres sont parfaits,à commencer par un fantastique Christian Clavier,qui prouve avec classe que son registre s'étend bien au-delà du comique et incarne avec subtilité ce brave homme coincé dans un piège inévitable,qui n'aura eu que le tort de se lancer dans un métier pour lequel il n'était pas fait et de faire confiance aux mauvaises personnes.La belle Vimala Pons interprète avec dynamisme une jeune femme écartelée entre son mari et son père,tandis que Sami Bouajila et Doudou Masta ont de la puissance en amis d'enfance de Xavier toujours fidèles à leur pote.Valérie Benguigui et Marilyne Canto sont d'une admirable précision en militantes dévouées,Michel Aumont est génial en grand-père tripatouilleur qui arrange les affaires douteuses et Eric Berger solide en directeur de cabinet dépassé par les évènements.Même les petits rôles sont soignés avec Marianne Denicourt en journaliste vedette,Jean-Yves Chatelais en maire ripou,Olivier Soler,du feuilleton "Un si grand soleil",en homme de main inquiétant,l'indispensable Eric Naggar en expert en électro-magnétisme et une Audrey Fleurot peu connue à l'époque en policière pugnace.