La Sapienza (Eugène Green, 2015) nous fait suivre le voyage en Italie d’Alexandre, un architecte en mal d’inspiration, et de sa femme Aliénor, psychanalyste travaillant sur des plans de logement sociaux, dégoûtée par le manque de compassion et d’engagement des institutions dans lesquelles elle travaille. Leur route va croiser celle de Goffredo, un jeune homme qui se lance dans des études d’architecture, et de sa sœur Lavinia, atteinte d’un mal étrange.
Un couple masculin et un couple féminin se créent, et un récit d’apprentissage à quatre voix prend forme. Alexandre va faire découvrir à Goffredo les œuvres architecturales de Bernini, le baroque rationnel, et de Boromini, le baroque mystique. Aliénor va faire dialoguer sa vision scientiste de l’existence avec celle, naïve mais spirituelle, de Lavinia.
Je considère ce film comme une sorte de réceptacle épousant les formes de son sujet, dans lequel Green affirme sa position spirituelle et déréaliste par rapport au monde. À la fois léger et didactique, il affirme une vision du monde et de l’art qui lui est singulière. Plus proche des personnages jeunes (Goffredo et Lavinia), que des adultes, en proie au doute, il va jusqu’à se mettre en scène en incarnant sa parole dans le corps d’un exilé, venu d’un pays lointain, dont l’apparition surnaturelle vient redonner espoir en l’un de ses personnages principaux. Étrange intrusion de l’auteur dans son film, non dépourvue d’humour, qui surprend, et qui rappelle à quel point la vision du monde que Green exprime est affirmée, sincère. C’est avec générosité qu’il la partage, prêtant à ses personnages des interrogations existentielles et artistiques qui constituent le récit du film...
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