D'Arnaud Desplechin, je n'avais vu que « Rois & reine », qui ne m'avait pas franchement plu. Dois-je en conclure que je préfère ce que faisait le cinéaste dans les années 90 ? Toujours est-il qu'à défaut de me conquérir totalement, « La Sentinelle » m'a plutôt séduit. C'est sûr que ce rythme, ce traitement, ce ton ne plaira pas à tout le monde, mais que ce soit cette ambiance étrange, cette quête surréaliste menée par le héros, cette volonté de mélanger les genres en proposant une œuvre inclassable, entre vérité et folie, gravité et dérision sans que l'on sache jamais laquelle l'emporte, difficile de rester totalement insensible.
Alors oui, cela traîne un peu sur la fin et le dénouement très ouvert laisse la place à beaucoup (trop?) de questions, si bien qu'une pointe de frustration se fait ressentir. Mais moi j'aime bien de temps en temps être trimballé sans savoir où l'on va m'emmener, porté par des personnages intrigants et surprenants, quitte à être parfois légèrement gonflants. Le tout porté par des acteurs plutôt convaincants, dont certains perceront (Bruno Todeschini, Emmanuelle Devos, Mathieu Amalric), d'autres pas (Emmanuel Salinger, Thibault de Montalembert). C'est une œuvre à part, à laquelle on croit et nous offrant une expérience cinématographique originale, à défaut d'être totalement aboutie.