La Servante (1960) - 하녀 / 108 minutes.
Réalisateur : Kim Ki-young - 김기영
Acteurs : Lee Eun-shim - 이은심 ; Eom Aeng-ran -엄앵란 ; Kim Jin-kyu 김 진규.
Le Pitch :
Suite à un déménagement dans une maison plus grande, la femme d'un professeur de musique persuade celui-ci d'engager une domestique. Mais bientôt, la servante devient la maîtresse et la calme maison devient alors le lieu d'un dramatique huis clos.
Premières impressions :
C'est toujours un peu particulier de regarder un vieux film, a fortriori s'il est étranger, on a vite tendance à vouloir le regarder comme une représentation de son époque. Bien sûr, lorsque je regarde un vieux film français, je le remets dans son contexte, afin d'en comprendre les subtilités, mais pour un film coréens des années 60... Il est du coup impossible de ne pas essayer de faire le parallèle entre ce que nous montre le film de la Corée du début des années 60 et de ce que j'en connais de la même époque en France.
Je ne sais presque rien de cette époque en Corée du Sud. Je sais que la Corée, particulièrement le Sud, a été rasé par la guerre de 50 à 53. Je sais que le pays n'était pas encore un pays riche et développé et qu'une rébellion étudiante s'est soulevée en 1960 contre le trucage des élections, amenant une démocratie relative au pouvoir avant que Park Chung-hee ne transforme cela en dictature militaire à partir de 1962.
Le film lui-même explique peu le contexte. Il met en scène un couple qui a deux enfants et qui vient de se faire construire une grande maison. Madame élève les enfants et fait de la couture pour arrondir les fins de mois et Monsieur est professeur de piano auprès d'ouvrières dans une institution qui ne semble pas bien définie (un foyer de jeune fille peut-être ?). Afin d'amortir l'achat couteux d'un piano, il propose à ses étudiantes des cours particuliers. La maitresse de maison étant enceinte, le couple engage une servante par le biais des étudiantes.
Entre drame, histoire d'amour et témoin d'une époque, la servante a quelque chose qui ressemble parfois à un Alfred Hitchcock. Bon je dis ça, mais c'est un ressenti, pas un commentaire d'expert. De fait, le film aura su nous captiver tout du long par sa narration et le jeu des acteurs.
Pour terminer, je dirai que c'est un film que l'on peut regarder pour de nombreuses raisons : cinématographique, car c'est un film qui a marqué l'histoire du cinéma coréen. Sociologique, car ce film a créé le scandale à l'époque chez les maitresses de maisons qui ne pouvait supporter de voir cette jeune et scandaleuse servante écraser les conventions sociales (et dont l'actrice n'a jamais pu tourner le moindre autre film tant son personnage avait été détesté). Historique, afin de pouvoir se faire une idée de la Corée d'alors et de ce qu'elle nous apprend sur la France par le jeu des contrastes. Enfin, on peut tout simplement regarder la servante comme un film qui nous raconte un drame amoureux et pervers, de ceux que les hommes écrivent depuis la nuit des temps.