Tom Courtenay joue un jeune homme incarcéré dans un centre éducatif surveillé à la suite d'un vol. Il va se distinguer de ses compagnons de cellule en pratiquant de manière intensive la course de fond, ce qui l'admiration de tous, et notamment du directeur. Il a besoin de ses talents afin de concourir pour une compétition, mais en a-t-il vraiment envie ?
La Solitude du coureur de fond est clairement un film de son temps, tourné à l'ère du free cinema, soit un tournage essentiellement en extérieurs, à l'instar de la Nouvelle Vague française, et où les réalisateurs voulaient montrer une Angleterre dans la marge. De plus, j'apprécie les quelques films de Tony Richardson que j'ai vus, en particulier Mademoiselle et plus particulièrement Le cabotin.
Ici, l'histoire est porté par le tout jeune Tom Courtenay, visage taillé à la serpe, qui garde en lui une certaine rage, notamment à cause de la perte de son père, oubliant quelque part ses propres valeurs familiales. L'idée de génie du film est de raconter les scènes en flashback lorsqu'il court, comme s'il pouvait s'évader à l'aide de son esprit durant quelques minutes, ce qui nous expliquera peu à peu son geste qui l'a conduit en incarcération. Les mauvaises rencontres, les filles, sa rancœur vis-à-vis de sa mère qui s'est mise très rapidement avec un autre homme, soit un rejet de la société qu'il va vivre à sa façon.
Le tout filmé de manière réaliste, avec des scènes en caméra à l'épaule, et avec l'excellente musique jazzy de John Addison. D'ailleurs, concernant le coup de théatre final, il est à l'image du film, qui prône en fin de compte la liberté de soi, quitte à en payer le prix, et c'est quelque part le geste fort de Tony Richardson pour un film formidable.