Sur la base d'une légende scandinave, le réalisateur de Fanny et Alexandre et Les Fraises Sauvages réalise dans un style ultra-contemplatif ce qui sera le mètre-étalon du rape and revenge. Située dans une Scandinavie moyenâgeuse, cette fable aux accents horrifiques est sublimement mise en image, elle servira d'ailleurs d'inspiration à plusieurs générations de cinéaste.
Le titre ne prendra toute sa signification et sa portée dramatique n'en sera que décuplée, dans une toute dernière scène d'une beauté glaçante. Esthétisant et parfois presque trop prosaïque, tant il sacrifie les artifices habituels de ce genre de cinéma au détriment d'un attachement à la contemplation touchant parfois au grotesque, très théâtrale dans son déroulement et axé sur un étrange rituel de gestes et de mouvements minimalistes, ce film garde pour lui son extraordinaire structure d'images figées et glaçantes.
On peut aisément imaginer la réaction des spectateurs au premier visionnage de ce film d'apparence épurée ne lésinant pas sur les scènes choc. Un viol filmé en temps réel, une violence graphique toute en fulgurance qui annonce le survival à la Délivrance, le passage du joueur de guimbarde peut faire penser à la scène du joueur de banjo du film de Boorman, tout un folklore annonçant les futurs débordements du survival sont mis en abîme ici sans jamais malgré tout tombé dans la complaisance de bas étage qui finira par anéantir le genre.
Très esthétisante et parfaitement mise en image cette leçon de cinéma tend parfois un peu trop ses ficelles prête à les faire céder dans des digressions contemplatives pouvant finir par lasser, mais demeure néanmoins un bel objet pictural.