La Stratégie Ender par Benjicoq
*** cette critique contient quelques spoilers ***
Bon, c’est l’adaptation d’un roman parait-il culte. Ç'est ce qui m’a poussé à aller voir ce film, parce que bon sinon, ça n’avait pas l’air plus excitant que ça, quand même. Dans les faits, c’est un genre de Starship Troopers en beaucoup plus sérieux, et finalement beaucoup plus inoffensif. Le discours anti guerre est relativement simpliste et pas fondamentalement passionnant, sur la forme ou sur le fond. Le personnage principal est une énième variation de l’élu, il est un petit génie, un surhomme intellectuel, sans lui, pas de victoire possible, assez énervant. Et le mec est assez énervant, pas sympathique pour deux sous ; sous couvert de souffrances, il utilise toujours la violence pour se sortir des situations, et il ne le regrette pas plus que ça. Une chose qui m’a un peu énervé , c’est que le film semble justifier l’idée de revanche comme solution privilégiée pour les victimes de bullying, je ne trouve pas ça très sain. Le twist final (qu’on voit venir très gros quand même, en tout cas dans le film) dédouane complètement le personnage, ça tente de faire passer sa violence et de la relativiser par rapport à ce qu’on lui a fait subir, et la manipulation dont il est la « victime ». Quand il a ordonné à sa collègue d'atomiser la planète et l'espèce , c'était une simulation pour lui , certes, mais c'était sa décision, hein.
Il y a aussi quelques détails qui m’ont posé souci. Sur le fond, le film semble nous vouloir nous montrer que les femmes sont douces et affectueuses, alors que les hommes sont plus durs ,calculateurs et structurants. On le voit à 3 moments du film (les parents d’ender, la soeur et le frère d’enfer qui sont bizarrement opposés, et le colonel et son adjointe), et franchement, ça ne m’aurait pas fait tiquer si c’était survolé une fois, mais là, on dirait bien que c’est volontaire. Et je n'aime pas ces relents de patriarcat ringard et rétrograde.
Et sur la forme, je suppose que c’est le passage au format film qui fait ça, mais l’évolution du petit gars Ender dans les différents grades de l’école militaire (du bleu bite à commandant) est vraiment trop trop rapide. Le rythme du film est assez handicapé par ça. Et esthétiquement, j’ai trouvé ce film assez laid aussi, ce qui ne joue pas en sa faveur.
Harrisson Ford déjà depuis un certain temps a l’air absent de ses propres rôles, mais là on atteint un degré de non jeu assez rédhibitoire. On dirait qu’il se remet d’un AVC, c’est étrange. Ben Kingsley a un plus petit rôle mais il est toujours très bon, même quand il cachetonne dans les nanars, ce film ne fait pas exception. Il a son charisme pour lui.
En tout cas ça ne m’a pas donné envie de lire le bouquin. Vu la réputation de gros con homophobe et bigot de l’auteur, je suppose que ce qui m’a gêné moralement pendant le film se retrouvera, probablement en pire dans le livre. Je ne préfère pas me confronter à ça. Et du coup, je ne comprends pas ce qui fait de ce bouquin un truc aussi culte si le film lui est fidèle.