Une maison perdue au milieu des champs de canne à sucre. Un homme revient chez lui, des années plus tard. Son fils, souffrant, ne sort pas de son lit. La terre et l'ombre, premier film du colombien César Acevedo et Caméra d'Or à Cannes, est placé sous le signe de l'austérité, du silence, des complexes rapports familiaux mais aussi de l'oppression des plus humbles. Yous ces thèmes s'enchevêtrent de manière fluide entre ombre (la maison) et lumière (le paysage). Le travail d'Acevedo sur le cadre est impressionnant, sa mise en scène, douce et contemplative, témoigne pourtant d'une réalité douloureuse tant dans l'intimité de ses personnages que sur le plan social. Le cinéaste réussit ce mariage des sujets par son inspiration visuelle et sa singulière empathie envers des laissés pour compte à l'avenir incertain. Entre le Malick des Moissons du ciel et la tradition des films d'auteurs latino-américains, César Acevedo impose d'emblée un regard pénétrant de réalisateur promis à un riche avenir dans un cinéma colombien de plus en plus en pointe (Manos sucias, L'étreinte du serpent, Alias Maria ...).