Film d'une grande sincérité, tourné par un jeune réalisateur en hommage à un monde disparu, celui de ses parents et sa terre d'enfance. Austérité formelle de l'atmosphère (juxtaposant onirisme de la maisonnée hors du monde et naturalisme sur le lieu de travail), et raideur ou académisme du texte (dialogues souvent), sont compensées par des saillies poétiques intenses (rêve du cheval qui s'enfuit de la maison dans les champs de canne, l'enfant et son père recouverts d'un drap blanc, et la très belle scène du père rejoignant ses proches sous l'arbre tel un fantôme, le grand-père s'enfonçant dans la nuit après avoir noyé sa mélancolie dans un bar, solitaire...). A cette tentative fervente mais désillusionnée de reconstruire l'harmonie et la pérennité d'un foyer familial déchiré et voué à disparaitre définitivement, répond la vigueur des ouvriers dans leur digne détermination à exiger la viabilité de leur activé professionnelle sur leurs terres d'appartenance.
Un film sobrement et profondément engagé contre l'industrie agroalimentaire contemporaine, cyniquement indifférente à l'attachement humain au terroir. Un hommage intime en parallèle, comme gravé sur l'écorce d'un arbre.