Dans une ère dominée par les ordinateurs, voilà qu'un film d'animation surgit de son océan artistique, et qu'il se paye une réputation dépassant les attentes: "la Tortue rouge". Le visuel, son animation est très saluée. Comment peut-il en être autrement ? On sent bien la collaboration avec Ghibli. Chaque dessin pourrait être repris sur un mur dans le salon. La poésie de la tortue rouge en est par ailleurs le symbole. Rien que le travail autour des reflets ou de la lumière Lunaire ne peut que rester admiratif.
Bon, ça, c'est d'apparence. Et après ?
Ben... le message du film est bien de rester dans la pureté totale, simple mais humaine, une beauté à savourer. Peut-être trop. Le film prend le parti-pris d'être totalement muet (à part "Hé", mais ça compte pas). Tout doit, du coup, être misé sur les visages pour comprendre leurs fonds de pensée. Le problème, c'est qu'ils ont été tellement concentrés sur l'environnement du dessin qu'ils se sont peu attardés sur les personnages. On les sent vides, même leurs yeux sont rarement vus dans le film. "la Tortue rouge" peine à démarrer parce qu'on ne comprend pas tout de suite les partis-pris du héros. Puis déboule la fameuse tortue, qui devient une femme par une somptueuse métamorphose/métaphore. Puis le fils. Puis son départ. Puis la vieillesse. Puis, bien sûr, la mort. Tout cela transités par des scénettes avec des crabes. Quelque chose m'a franchement déstabilisé sur toutes ces parties: certes, c'est très beau, mais ils passent si rapidement ! On a à peine le temps de voir grandir le fiston qu'il se barre. Certes, on appelle ça le temps qui passe. N'empêche, on n'a pas l'impression de connaître ces personnages, ni de s'attacher à eux. Et la partie de la vieillesse, en dehors des cheveux blancs, la réflexion ne va pas plus loin... La fin du film est absolument géniale et magnifique, la musique somptueuse.
J'attendais mieux. Mais il reste une bulle d'eau fraîche, qui fera rougir plus d'un.