La tortue rouge est empreinte de poésie mélancolique de bout en bout. Son choix de dessin à la fois épuré et avec une texture présente à chaque instant rappelle des croquis à l’encre et à l’aquarelle, comme autant de tableaux qui distillent douceur et rêverie. Ce traitement graphique donne réellement une identité propre et forte au film, cohérente de bout en bout.
Michael Dudok de Wit déroule une fable qui traite de notre rapport à la nature et à la solitude, dans un film dénué de paroles mais non d’émotions, et bercé par une musique lyrique mémorable. La Tortue rouge sait également ménager des piques de légèreté et d’humour, avec notamment les circonvolutions dansantes des crabes.
On parle beaucoup de l’influence de Ghibli et de Takahata sur le projet, que je trouve cependant profondément européen dans le traitement et les thèmes abordés, avec une douceur contemplative orientale.
Si La tortue rouge n’est pas parfait — quel message doit-on retenir d’un acte de violence récompensé pour cet homme, ou simplement d’une nature toute puissante qui choisit de sauver un être de sa solitude — c’est un beau conte dans lequel il faut se laisser dériver.