Premier long métrage signé Makoto Shinkai, énième jeune surdoué de l'animation japonais habitué à tout faire seul et débordant d'un talent quasi-surnaturel (soupir), "La Tour au-delà des Nuages" est, comme son seul titre suffit à l'indiquer, tout ce que promet sa bande annonce, et encore bien, bien, bien au-delà.
Virtuose dans sa narration pourtant complexe, à aucun moment il ne sacrifie l'intimiste de ses personnage à un scénario pourtant tortueux, original et ambitieux, pour livrer une véritable vision composée de fulgurances, d'émotions, de décors en morceaux d'Eden et d'éclairages d'une séraphique poésie.
Pour un peu, les mots manqueraient presque pour décrire la beauté, la portée, la chaleur d'un résultat final que desservent des designs trop classiques, hélas, ainsi que les mille pistes scénaristiques laissées par l'auteur en chemin - faute de pouvoir les explorer pleinement. De menus détails, en regard de ces 90 minutes de bonheur et de créativité à l'état pur, injustement présentées en France comme un "nouveau Miyazaki" (dont elles ne rejoignent ni le fond ni la forme - pour le meilleur ! -, au croisement entre un Mamoru Oshii période Patlabor, un Hideaki Anno et un Yoshiura Yasuhiro). Hors de question, dès lors, de rester à la surface des personnages ou d'emprunter des sentiers trop codifiés ayant vocation d'universalité : l'auteur se livre tel qu'il est, sans fausse pudeur, sans concession, et laisse au spectateur le soin de venir jusqu'à lui - si l'envie lui en prend -. Il ne lui impose rien, il lui propose. Et c'est, déjà, un magnifique cadeau.
Une tour immense à l'horizon, qui défie les nuages. Trois amis d'enfances qui se promettent de voler jusqu'à elle un jour. Trois amis que la vie sépare. Trois amis que la vie rassemble. Et toujours, cette grande tour, au-delà des nuages...
Car qu'est-ce que créer, au fond, si ce n'est chercher à voler soi-même jusqu'à une tour au-delà des nuages ? !
Si ce n'est, aussi, s'appliquer à tenir une promesse impossible que l'on s'est faite enfant ? !